Trois questions à Jean-François Cot, président du Syndicat Casinos de France (*)
Selon le bilan 2016-2017, le Produit Brut des Jeux aurait progressé d’environ 2,45 %, à 2,292 milliards d’euros. Quels enseignements tirez-vous de cette croissance ? Traduit-elle une reprise globale dans la grande majorité des établissements ? Ou est-elle à nouveau contrastée et concentrée sur certains casinos et certaines régions, comme cela fut le cas en 2015-2016 ?
« Ce résultat, qui en effet représente une progression moyenne, serait satisfaisant s’il ne cachait des disparités importantes, ainsi que vous le soulignez. Les casinos qui enregistrent les meilleures progressions sont ceux qui ont investi pour s’adapter aux évolutions de la demande de la clientèle. Encore faut-il disposer de cette capacité d’investissement !
Sur les 200 casinos français, 83 ont stagné ou régressé au cours du dernier exercice et parmi ceux-là une trentaine sont menacés, car Ils ne pourront faire les investissements nécessaires pour se relever. Pour ajouter à ces difficultés, les casinos, qui sont assujettis en tant que personnes morales au paiement de la CSG pour leur activité machines à sous, ce qui en soi est une aberration, sont affectés par une nouvelle hausse de cette taxe depuis le 1er janvier dernier. »
Des clubs de jeux vont sans doute ouvrir en 2018 à Paris, dans un cadre extrêmement réglementé. Ces ouvertures sont-elles suffisantes pour redynamiser le marché des casinos ? Ou pensez-vous que l’heure est venue d’engager avec l’Etat une réflexion sur une nouvelle extension du champ des territoires accessibles aux casinos et aux cercles de jeux ?
« La loi autorise en effet depuis le 1er janvier dernier et pour une durée de 3 années, l’ouverture de clubs de jeux à Paris. Il s’agit d’une expérimentation dont l’issue économique n’est pas garantie. Les clubs seront des établissements à statut de sociétés, et non d’associations comme les anciens cercles de jeux dont un seul subsiste actuellement.
La profession des casinos, parmi laquelle certains opérateurs ont décidé d’expérimenter ce type de nouvel établissement, approuve la rigueur qui encadre la création puis le fonctionnement de ces futurs clubs. C’est la garantie que des professionnels sérieux pourront en assurer l’exploitation. Cette expérimentation étant réservée à la seule ville de Paris, la concurrence avec les casinos de province (hormis le casino d’Enghien) devrait être limitée.
Nous regarderons avec la plus grande attention la suite qui pourrait être donnée à l’expérimentation, c’est-à-dire après le 1er janvier 2021.
Une éventuelle extension à d’autres villes, voire un élargissement de l’offre de jeux (il n’y a pas de machines à sous dans les clubs), pourrait dans ces conditions avoir des impacts économiques considérables tant sur l’ensemble des casinos français que sur les communes d ‘implantation. Nous y serons donc particulièrement attentifs. »
Les clients des casinos viennent y jouer, mais ils viennent aussi y prendre un verre, y dîner, assister à un spectacle… Ces prestations de loisirs sont-elles particulièrement importantes aujourd’hui pour vos établissements, en terme de retombées économiques et de marketing ?
« Les casinos sont avant tout des lieux de loisirs. Il faut rappeler que tout casino fonctionne par une délégation de service public de la commune d’implantation. A ce titre, la réglementation impose que l’offre de jeux soit complétée par de la restauration et une contribution directe au développement culturel et touristique de la commune.
Avec plus de 300 salles de spectacles aux configurations et aux capacités différenciées, les casinos offrent des programmations de grande qualité qui revêtent des formats variés, avec de nombreux festivals ou des manifestations en partenariat avec les communes. Bien entendu, l’ensemble du tissu commercial local bénéficie des retombées économiques de ces évènements .»
* Casinos de France est le syndicat patronal le plus important du secteur. Il regroupe environ la moitié des casinos de France. En sont notamment membres, les groupes Barriere (34 casinos dont 28 en France, N°2 en France derrière Partouche), Joa (22 casinos, N°3 en France), Tranchant (16 casinos), Cogit (9 casinos), Emeraude (8 casinos), et un certain nombre d’indépendants (Annecy, Aix Grand Cercle, Evian, Cavalaire, Mandelieu, Saint Gilles de la Réunion, Saint Valery en Caux…).
Le groupe Partouche (43 casinos, dont 39 en France) est membre du syndicat des casinos modernes de France.
(interview : Jean-François Vuillerme)
Le classement des 50 premiers casinos en France
Le Produit Brut des Jeux porte sur la dernière période de référence de l’activité : du 1er novembre 2016 au 30 octobre 2017.
Source statistique : Casinos de France
Traitement HR-infos
En rouge : les classements en recul et les PBJ en baisse. En vert : les classements en hausse
Mises, PBJ, PNJ, TRJ… ce qu’il faut savoir
Le Produit Brut des Jeux (PBJ) représente la part des mises empochées par les casinos.
Le PBJ est à distinguer du Produit Net des Jeux (PNJ) qui correspond au PBJ déduit des prélèvements obligatoires opérés par l’Etat et les collectivités territoriales.
Le taux cumulé de prélèvements obligatoires est de l’ordre de 53 % actuellement.
Quant au Taux de Retour aux Joueurs (TRJ), fixé par l’Etat et fonction du type de jeux (machines à sous, jeux de table, etc), il s’élève à environ 85 % du montant total des mises.
Ainsi, sur les quelque 15,280 milliards de mises engagées entre 1er novembre 2016 et le 31 octobre 2017, environ 12,7 milliards ont été retournés aux joueurs et 2,292 milliards conservés par les opérateurs de casinos (PBJ).
Le PJB peut être assimilé au chiffre d’affaires des opérateurs.
Les casinos, toutefois, ne proposent pas seulement des jeux, mais également des bars, des restaurants, des spectacles. Au sein des casinos Barrière, par exemple, la restauration et les spectacles représentent 8 % de leur PBJ (soit environ 56 M€, selon nos estimations).