Attention, danger ! L’évolution antinomique des prix dans deux secteurs en concurrence, en hausse dans la Restauration, en baisse dans la Distribution, risque d’accentuer l’érosion de la fréquentation observée dans la Restauration depuis quelques années. Particulièrement au déjeuner et singulièrement au profit de la Distribution (supermarchés et supérettes de proximité).
C’est la conclusion à laquelle arrive le rapport d’étape publié par le cabinet Simon-Kucher, spécialisé dans les stratégies de croissance.
Entre 2012 et 2016, selon le cabinet qui se base sur les données Insee, les prix de la Distribution alimentaire ont globalement baissé d’1 %, sous l’effet d’une guerre des prix entre enseignes toutes positionnées sur la promesse d’être « la moins chère ».
A l’inverse, la hausse des prix de la Restauration a atteint 8 % depuis 2012. Elle plafonne même à 9 % pour la Restauration rapide et à emporter, la restauration assise atteignant pour sa part 7,6 %. Le cabinet, au passage, pointe du doigt un symbole : l’indice BigMac créé par The Economist. Le produit vedette de McDonald’s a vu son prix augmenter de 14 % en moyenne en France en quatre ans.
Selon Simon-Kucher, ce constat d’une augmentation flagrante des prix dans un secteur et d’une légère baisse des prix dans le secteur concurrent, « illustre des stratégies prix très différentes » qui peuvent créer des difficultés supplémentaires pour les acteurs de la Restauration à l’avenir.
Et de souligner ce paradoxe de la Restauration qui augmente ses prix alors même qu’elle connait une baisse de sa fréquentation. Cette compensation des pertes de chiffre d’affaires par une augmentation des prix ressemble fort à une fuite en avant.
David Vidal, auteur de ce rapport et qui suit de près les deux secteurs pour Simon-Kucher, souligne « l’effet néfaste (de cette augmentation des prix) sur le rapport qualité-prix perçu par les clients, alors que l’accessibilité prix est un levier essentiel pour stimuler la fréquentation ».
En 2014 déjà, une enquête réalisée par Simon-Kucher, sur la Restauration rapide mettait en évidence une baisse de fréquentation chez un gros tiers des « habitués » des enseignes de fast-food. Première raison avancée par eux pour expliquer leur infidélité : « C’est trop cher ! » Le facteur nutritionnel venant juste après (« la nourriture n’est pas suffisamment équilibrée dans ces enseignes »).
On examinera donc avec attention la prochaine enquête lourde de Simon-Kucher sur la Restauration attendue pour novembre 2016.
Mais d’ors et déjà, on doit se demander si la Restauration ne doit pas adopter une approche plus rationnelle dans la fixation des tarifs de ses offres. En se posant les bonnes questions. Quel prix est acceptable pour le client, quel prix ne l’est pas, par rapport au positionnement de gamme du restaurant ? Quel est le prix psychologique au-delà duquel le rapport qualité-prix paraitra dégradé à ses yeux ?
Ne faire ni trop cher, bien sûr, mais ni trop peu cher non plus (sans quoi le client suspectera une dépréciation de la qualité), l’exercice est délicat ! Il peut justifier de recourir à des conseils extérieurs pour construire sa stratégie de pricing.
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