Fait sans précédent dans sa jeune histoire, l’Association des Franchisés AccorHotels (Afa), qui regroupe 306 adhérents propriétaires de près de 880 hôtels franchisés en France, s’est fendue le 22 juin d’un communiqué de presse dévoilant les fortes tensions existant avec son franchiseur.
L’Afa dans son communiqué reproche en effet à AccorHotels, en l’occurrence à la directrice générale d’HotelServices France, Sophie Etchandy-Stabile, de ne pas avoir accepté sa demande de médiation déposée le 2 mai dernier à la Chambre d’Arbitrage et de Médiation de Paris. Médiation pourtant prévue contractuellement, affirme l’association, qui permettrait de résoudre de façon amiable, avec l’intervention d’un tiers, les différends existants.
Ces désaccords sont longuement décrits dans le communiqué. Le plus important tient à la « hausse significative du coût des redevances sur les cinq dernières années alors même que les performances commerciales et l’efficacité d’AccorHotels s’érodent. ». L’Afa veut obtenir à la fois une clarification et une transparence de ces redevances et une diminution du coût global de la franchise.
« Aujourd’hui, ce que nous voulons, c’est retrouver un partenariat Gagnant-Gagnant et en
avoir pour notre argent, déclare Arnaud Fayet, président de l’Afa. Nous payons entre 8 et 12% de notre chiffre d’affaires. Qu’avons-nous pour ce prix-la ? Il faut que les marques redeviennent dynamiques et que leur marketing soit beaucoup plus fort, soit plus différenciant ! »
Autre point de discorde : la création d’une plate-forme de réservation ouverte à des centaines d’indépendants, décidée par le groupe et qui modifierait là aussi les conditions d’exercice de la franchise. « Cette stratégie d’ouverture, décidée unilatéralement par le groupe sans en avoir discuté auparavant avec les franchisés, a sérieusement affaibli la relation de confiance existant entre les franchisés et leur franchiseur », juge Arnaud Fayet, le président de l’Afa.
L’Afa, qui compte déjà dans ses rangs des propriétaires possédant 80 % du parc franchisé d’Accor en France, entend peser encore davantage en invitant les propriétaires d’hôtels managés (107 en France regroupant 13712 chambres) à rejoindre leurs collègues au sein de l’association. Par ailleurs, fort habilement, l’Afa est devenue actionnaire du groupe en faisant l’acquisition d’actions de la société mère Ce qui fait dire à son président : « AccorHotels a du mal à entendre ses franchisés. Peut-être qu’en devenant actionnaires les franchisés ne seront pas seulement écoutés mais bien entendus ? »
L’Afpa, forte de son poids, alerte, met en garde et ne voile à peine ses menaces, tout en assurant qu’AccorHotels « reste le meilleur franchiseur de France » (lire l’interview d’Arnaud Fayet et François-Xavier Bourgois, déclaration qui peut sembler contradictoire avec les griefs faits au groupe.
« Un contrat de franchise, déclarent les deux hôteliers pour conclure, c’est comme un contrat de mariage. Et comme dans tout mariage, il y a des hauts et des bas. Nous sommes franchisés. Nous avons envie d’aller à l’expiration de nos contrats car nous croyons en ces marques. Nous avons envie de continuer ces franchises, mais, aujourd’hui, cela ne dépend plus seulement de nous… ».
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