Touristes étrangers : l'objectif de visiteurs repoussé, de recettes rehaussé !

Les professionnels avertis le supputaient déjà depuis le 1er semestre 2019, après le recul brutal de la fréquentation touristique déploré au premier trimestre, insuffisamment compensé au deuxième et troisième trimestre. Jean-Yves le Drian lui-même, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, avait laissé entendre début octobre le report à 2022 de cet objectif central du gouvernement d’accueillir 100 millions de touristes étrangers en 2020.

D’officieux, ce report est désormais devenu officiel, sur la foi du document publié par le ministère de l’Action et des Comptes publics, dans le cadre de la préparation de la loi de Finances 2020 (« Document de politique transversale, projet de loi de Finances 2020, Politique du tourisme »).

Les services de Bercy ont estimé que la diminution de la fréquentation touristique internationale au premier semestre nécessitait de baisser la prévision pour l’année 2019. Celle-ci est désormais fixée à 91 millions de visiteurs au lieu de 94 initialement, soit une progression de +1,9 % par rapport au score de 2018 qui était de 89,3 millions.

Deux raisons justifiaient cette actualisation. D’une part, l’impact des « mouvements sociaux d’ampleur nationale » sur les réservations à moyen et long terme (allusion aux Gilets jaunes, le document ne reprenant pas le terme). D’autre part, les effets de la baisse de la Livre, la clientèle britannique constituant le premier marché français, avec près de 13 millions de visiteurs et 83 millions de nuitées (données 2017).

Bercy a donc jugé plus prudent de réactualiser également la cible 2020, qui n’est plus que de 94 millions de touristes étrangers au lieu de 100 millions, cet objectif étant reporté à 2022. Cet objectif avait été fixé en 2014 par Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères. L’Ahtop, la puissante association de lobbying hôtelière, s’était même fixée pour sa part une cible de 110 millions de visiteurs internationaux.

Mais ce même document fait également état d’une autre réactualisation, qui, elle, est en partie seulement inédite. Dès 2018, en effet, l’Etat avait révisé fortement à la hausse les recettes du tourisme international. De plus de 10 milliards d’euros, exactement. Ceci en raison d’une analyse plus exhaustive et plus précise des dépenses des visiteurs, en particulier de ceux en provenance des pays émergents. En effet, la Banque de France interroge d’avantage de touristes (60 000 en douze langues différentes contre 50 000 en six langues auparavant). Et notamment ceux en provenance d’Asie, Chinois et Japonais en tête, dont les dépenses sont particulièrement élevées. En 2017, selon la BdF, elles s’élevaient en moyenne à 1500 euros par séjour. Par ailleurs, elle s’appuie également sur les données des transactions par cartes bancaires fournies par les grandes banques françaises.

Le précédent objectif du gouvernement (50 milliards d’euros de recettes touristiques internationales) a donc été ré- évaluée à 60 milliards d’euros en 2020. Sachant qu’elles ont atteint 56,2 milliards en 2018, l’objectif se rapproche. Pour l’atteindre, celles-ci devront progresser de 6,7 % d’ici 24 mois.

La vraie bonne nouvelle, inédite celle-ci, c’est que les recettes issues du tourisme international seront, au pire stables, au mieux en légère progression en 2019, selon le document de Bercy, malgré la baisse de fréquentation observée sur le premier semestre. Conséquence, la dépense par tête a augmenté significativement, autre objectif du gouvernement.

Comme à l’accoutumée, nous réitérons notre appel à la prudence autour de ces chiffres « officiels ». En particulier ceux relatifs aux recettes, qui proviennent pour une grande part de sondages déclaratifs. Le fait qu’ils soient désormais complétés par les données des transactions en cartes bancaires améliore toutefois leur fiabilité.

A défaut d’être parfaitement exactes, il est essentiel que ces statistiques économiques soient suffisamment rigoureuses pour refléter correctement des tendances lourdes de la consommation et orienter pertinemment les politiques publiques.

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Les professionnels avertis le supputaient déjà depuis le 1er semestre 2019, après le recul brutal de la fréquentation touristique déploré au premier trimestre, insuffisamment compensé au deuxième et troisième trimestre. Jean-Yves le Drian lui-même, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, avait laissé entendre début octobre le report à 2022 de cet objectif central du gouvernement d'accueillir 100 millions de touristes étrangers en 2020.

D'officieux, ce report est désormais devenu officiel, sur la foi du document publié par le ministère de l’Action et des Comptes publics, dans le cadre de la préparation de la loi de Finances 2020 ("Document de politique transversale, projet de loi de Finances 2020, Politique du tourisme").

Les services de Bercy ont estimé que la diminution de la fréquentation touristique internationale au premier semestre nécessitait de baisser la prévision pour l'année 2019. Celle-ci est désormais fixée à 91 millions de visiteurs au lieu de 94 initialement, soit une progression de +1,9 % par rapport au score de 2018 qui était de 89,3 millions.

Deux raisons justifiaient cette actualisation. D'une part, l'impact des "mouvements sociaux d'ampleur nationale" sur les réservations à moyen et long terme (allusion aux Gilets jaunes, le document ne reprenant pas le terme). D'autre part, les effets de la baisse de la Livre, la clientèle britannique constituant le premier marché français, avec près de 13 millions de visiteurs et 83 millions de nuitées (données 2017).

Bercy a donc jugé plus prudent de réactualiser également la cible 2020, qui n'est plus que de 94 millions de touristes étrangers au lieu de 100 millions, cet objectif étant reporté à 2022. Cet objectif avait été fixé en 2014 par Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères. L'Ahtop, la puissante association de lobbying hôtelière, s'était même fixée pour sa part une cible de 110 millions de visiteurs internationaux.

Mais ce même document fait également état d'une autre réactualisation, qui, elle, est en partie seulement inédite. Dès 2018, en effet, l'Etat avait révisé fortement à la hausse les recettes du tourisme international. De plus de 10 milliards d’euros, exactement. Ceci en raison d'une analyse plus exhaustive et plus précise des dépenses des visiteurs, en particulier de ceux en provenance des pays émergents. En effet, la Banque de France interroge d'avantage de touristes (60 000 en douze langues différentes contre 50 000 en six langues auparavant). Et notamment ceux en provenance d'Asie, Chinois et Japonais en tête, dont les dépenses sont particulièrement élevées. En 2017, selon la BdF, elles s'élevaient en moyenne à 1500 euros par séjour. Par ailleurs, elle s'appuie également sur les données des transactions par cartes bancaires fournies par les grandes banques françaises.

Le précédent objectif du gouvernement (50 milliards d’euros de recettes touristiques internationales) a donc été ré- évaluée à 60 milliards d’euros en 2020. Sachant qu'elles ont atteint 56,2 milliards en 2018, l'objectif se rapproche. Pour l'atteindre, celles-ci devront progresser de 6,7 % d'ici 24 mois.

La vraie bonne nouvelle, inédite celle-ci, c'est que les recettes issues du tourisme international seront, au pire stables, au mieux en légère progression en 2019, selon le document de Bercy, malgré la baisse de fréquentation observée sur le premier semestre. Conséquence, la dépense par tête a augmenté significativement, autre objectif du gouvernement.

Comme à l'accoutumée, nous réitérons notre appel à la prudence autour de ces chiffres "officiels". En particulier ceux relatifs aux recettes, qui proviennent pour une grande part de sondages déclaratifs. Le fait qu'ils soient désormais complétés par les données des transactions en cartes bancaires améliore toutefois leur fiabilité.

A défaut d'être parfaitement exactes, il est essentiel que ces statistiques économiques soient suffisamment rigoureuses pour refléter correctement des tendances lourdes de la consommation et orienter pertinemment les politiques publiques. "
Le mouvement des Gilets jaunes a nettement impacté la fréquentation touristique au premier semestre 2019, ce qui a conduit le gouvernement à réviser à la baisse ses prévisions pour 2019 et par ricochet pour 2020. Ici, une vue de la manifestation du 24 novembre 2018 à Paris, qui a marqué un tournant dans l'évolution du mouvement et de sa perception. Les annulations se sont accélérées à partir de cette date.
Ce que dit exactement le document « Politique du Tourisme »
annexé au projet de loi de Finances 2020

« (….)

JUSTIFICATION DES PRÉVISIONS ET DE LA CIBLE

Sous-indicateur 1. : «Nombre de touristes étrangers en France»
2018 a été une nouvelle fois une année record pour la fréquentation touristique internationale, en atteignant les 89,3millions de touristes étrangers accueillis en France métropolitaine.
Les indicateurs portant sur les premiers mois de l’année 2019 laissent percevoir une diminution de la fréquentation touristique internationale pour le premier semestre. Cette tendance s’explique largement par les mouvements sociaux d’ampleur nationale qui ont largement touché le pays en début d’année, et qui ont impacté les réservations à moyen et long terme, ainsi que par les effets de la baisse de la livre (le Royaume-Uni étant notre premier marché touristique). La prévision 2019 nécessite ainsi une actualisation à la baisse.
La France affiche toujours un objectif d’accueil de 100 millions de touristes étrangers. Le ministre a cependant repoussé la cible, au regard de la conjoncture actuelle, à 2022.
Sous-indicateur 2. : «Recettes issues du tourisme international»
Dans le cadre de la révision des méthodes d’évaluation des recettes touristiques à laquelle participe la Banque de France, les recettes nettes issues du tourisme international augmentent de plus de 10 milliards d’euros. Le précédent objectif fixé par le gouvernement (50 milliards d’euros de recettes touristiques) a donc été ré-évalué pour être désormais établi à 60 milliards d’euros.
Malgré une baisse de la fréquentation touristique sur le premier semestre de l’année 2019, les recettes du tourisme international ne régressent pas, permettant d’escompter atteindre la cible fixée par le Gouvernement pour 2020.
(…) »

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