À l’occasion de la Semaine des Métiers du Tourisme (17 au 23 mars), la plateforme de services Majorian, qui regroupe Territoria, Cadhi, Clorofil et Mentorhi (Peace&Work et JobHospitality) publie les premiers résultats du diagnostic Peace&Work, initiative dédiée à l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) dans l’hôtellerie-restauration. Ce bilan basé sur 252 audits, réalisés auprès de 4 300 salariés, éclaire sur les attentes prioritaires des salariés. Dans leurs principales demandes, une meilleure communication interne et une équité salariale renforcée.
Le premier enseignement de cet audit est peut-être le plus inattendu. Au point de se demander si les 252 établissements audités sont représentatifs de la branche…. En effet, la proportion de salariés interrogés qui semblent plutôt mécontents de leur qualité de vie et de leurs conditions de travail apparait très faible.
Au point d’ailleurs que la grande majorité des interrogés (85 %) se déclarent fiers de travailler pour leur entreprise. Cette adhésion aurait, selon 94 % d’entre eux, un impact sur la satisfaction client et pour 86 % sur la performance globale de l’établissement.
Malgré tout, plus d’un tiers d’entre eux semblent souhaiter un renforcement de la cohésion d’équipe. 38% des répondants estiment ne pas avoir suffisamment de moments de convivialité avec leurs collègues. Et un quart regrette même un manque de célébration des succès collectifs…
Subsistent aussi des zones d’ombre dans la perception de leur maison. Un quart (24 %) déclare que les objectifs de leur entreprise ne sont pas suffisamment partagés. Ce qui pourrait traduire, selon Peace&Work, un besoin chez eux de transparence et d’implication accrue.
Enfin, ils sont également 20 % à ressentir un manque de confort matériel au travail. En demandant, en filigrane, une amélioration de certains aménagements et postes de travail.
Le levier possible de l’obligation de transparence des rémunérations
Reste la question centrale de la rémunération. L’audit ne renseigne pas, du moins dans la restitution communiquée à la presse, sur le degré de satisfaction-insatisfaction des salariés à l’égard de la rémunération qu’ils percoivent. Mais il met au évidence un attente forte.
21% des salariés estiment, en effet, que l’équité salariale n’est pas garantie au sein de leur établissement.
Rappelons qu’une entreprise garantit une équité salariale quand ses salariés reçoivent un salaire égal pour un travail de valeur égale, sans aucune discrimination (de sexe, par exemple). Et en tenant compte aussi de leurs compétences, de leur expérience et de leurs performances.
Pour Peace&Work, l’obligation, à partir de juin 2026 au plus tard, de transparence des salaires dans les entreprises de 100 salariés et plus, serait un potentiel levier à utiliser pour « renforcer la confiance des équipes et prévenir les tensions internes ». Y compris dans des structures de plus petite taille que le seuil. De fait en France, près de 84 % des salariés de la branche exercent dans des Très Petites Entreprises (TPE, de 0 à 9 salariés).
Cette obligation, qui résulte d’une directive européenne de mai 2023, prévoit la publication annuelle (ou triennale pour les entreprises de 100 à 250 salariés) d’un rapport détaillant les écarts de salaire et les différents niveaux de rémunération des postes les moins qualifiés aux postes des cadres dirigeants. Une petite révolution en perspective dans un pays où le sujet salaire reste assez tabou.
HR-infos consacrera prochainement un article complet à cette question de la transparence des rémunérations. La loi laisse augurer des avantages pour les salariés (avant tout celui de réduire les inégalités salariales). Mais elle laisse aussi craindre quelques inconvénients pour les entreprises (tensions internes, litiges, complexité…).
Si les tendances sont globalement homogènes dans les résultats de ces audits Peace&Work, des différences apparaissent selon la catégorie d’établissements.
Les restaurants obtiennent en moyenne de meilleurs scores en satisfaction des salariés que les hôtels et hôtels-restaurants. Par ailleurs, les structures de moins de 15 salariés semblent offrir une perception plus favorable de la qualité de vie au travail, bien que les écarts restent modérés.
Peace&Work
Lancé en 2023, le label Peace&Work entend évaluer la Qualité de Vie au Travail (QVT), en fournissant aux directions des établissements une photographie des attentes de leurs salariés.
Pour cela, l’organisme procède à une enquête «anonyme et rapide » auprès d’eux. Leurs réponses font l’objet d’une analyse « approfondie ». L’expert Peace&Work établit ensuite un rapport d’audit, pointant forces et faiblesses, accompagné d’un plan d’actions « concret » pour améliorer ce qui doit l’être dans la politique de ressources humaines de l’établissement.
252 établissements Teritoria (chaîne volontaire, anciennement Les Collectionneurs, membre de Majorian) ont ainsi été audités, dont 129 hôtels restaurants, 83 restaurants et 40 hôtels. Plus de 4 300 salariés ont été interrogés, avec un taux de participation de leur part atteignant 76,9%.
Cet audit peut déboucher alors sur l’obtention du label Peace&Work. Cette distinction, qui est accordée pour une durée de deux ans, repose sur cinq principaux critères : la culture d’entreprise, la cohésion d’équipe, la fierté d’appartenance, les conditions de travail et l’équité.
En fonction des résultats obtenus, les établissements obtiennent pour une durée de deux ans une distinction répartie en trois degrés : Gold, Silver ou Bronze.
De fait, ce label apparait très accessible. Seulement 15 audits sur les 252 (soit 6 %) n’ont pas débouché sur une labellisation. Tandis que près d’1 audité sur 2 (125) a décroché la distinction Gold. Un tiers (89) obtenant la Silver. Et 9 % (23) obtenant la distinction Bronze.
Alexandra Lorin Guinard, directrice des Jardins de Coppélia (labellisé Silver Peace & Work)
« Aux Jardins de Coppélia, nous avons toujours eu à coeur de privilégier le bien-être de nos salariés car cela correspond, avant tout, à nos valeurs. Peace&Work, était pour nous, dans la droite ligne de notre démarche sociale.
La réalisation de cet audit nous a permis d’améliorer certains aspects RH au sein de l’entreprise pour être davantage en adéquation avec les attentes de nos salariés. Formations, parcours d’intégration, impliquer des salariés dans des groupes de travail, désignation de parrains pour les nouveaux arrivants, politique salariale, etc. »
Hervé Bouyssel, directeur de La Baronnie (labellisé Bronze Peace&Work)
« Nos actions en faveur de la QVCT, notamment par le biais de Peace&Work, commencent à porter leurs fruits.
Malgré une année 2024 exigeante sur le plan opérationnel, nous avons réussi à fidéliser une partie de notre équipe saisonnière pour 2025.
Sur les 12 saisonniers présents l’année dernière, 5 ont choisi de poursuivre l’aventure à nos côtés ! Côté recrutement, tout s’est déroulé sans encombre cette année, avec 11 postes déjà pourvus sur 12. »