Emanant de fonds d'investissements et d'opérateurs hôteliers, 23 offres de reprise du groupe hôtelier Maranatha ont été déposées auprès des administrateurs judiciaires, les cabinets Aja et Gillibert & Associés, basés à Marseille. Les structures de tête du groupe avaient été placées en redressement judiciaire en septembre 2017, la majorité de ses hôtels en gestion furent également mise en redressement en octobre et novembre 2017, les derniers en janvier 2018.
Parmi les repreneurs potentiels, on relève AccorHotels associé au fonds d’investissement américain Colony Northstar, le groupe de l’Hôtellerie dirigé par Gilles Douillard et le gestionnaire de fortune français Tikehau Capital, le groupe Honotel associé avec Amundi et la Caisse des Dépôts. On note aussi le groupe familial Paris Inn adossé à des partenaires financiers, ainsi que la société de gestion indépendante spécialisée dans l’immobilier 123 IM (qui possèdent déjà des participations dans 11 hôtels Maranatha pour un engagement global de 25 millions d’euros) .
Des groupes internationaux sont également intéressés par cette reprise. Ainsi le britannique Attestor Capital , le fonds d’investissement américain Appollo et le groupe chinois de gestion hôtelière Loxy. De même qu’un autre Américain, Davidson Kempner qui s’appuierait sur deux partenaires Naos Hôtel et Higate.
Ces offres seront étudiées voire modifiées durant un mois environ, avant une audience devant le tribunal de commerce de Marseille prévue autour du 15 mai, selon une source proche du dossier citée par l’AFP, ou plutôt vers la fin mai voire courant juin selon les Echos. Selon le quotidien économique, « les investisseurs, réunis en assemblées générales, se prononceront après coup, la tenue d’assemblées générales étant évoquées pour juillet. Un rendez-vous déterminant. Le tribunal de commerce de Marseille tiendra compte de leur résultat respectif. »
La procédure « doit permettre de sauver tous les épargnants de la casse, et pour ça il faut que les candidats approuvent le passif du groupe, absorbent les dettes, ce n’est pas simple », a dit une autre source du secteur citée par l’AFP,.
Un premier bloc Maranatha, son « pôle historique », comprend 31 hôtels de 2 à 5 étoiles répartis à Paris, dans les Alpes et en Provence, et qui totalise 4 500 épargnants. Un second bloc comprend 6 établissements de luxe, les Hôtels du Roy, tels que le California et le Pont-Royal à Paris et le La Pérouse à Nice. Maranatha, à l’issue d’un appel d’offres, avait racheté les Hôtels du Roy en 2015 pour un montant de 360 M€, avec le concours du fonds Cale Street pour 275 millions d’euros et de 1 200 souscripteurs épargnants, à hauteur de 200 millions.
Le groupe dit avoir souffert d’une moindre fréquentation à la suite des attentats qui ont frappé le pays depuis 2015. Fin 2017, une dizaine d’actionnaires du groupe hôtelier Maranatha, ont déposé une plainte pour « informations trompeuses » et « présentation de faux bilan ».
Les offres ont été faites pour l’ensemble du groupe soit pour l’un de ces deux blocs. On ignore à ce stade quelle est la valorisation de Maranatha. Le groupe lui-même avait évalué ses actifs entre 700 et 800 M€. Les expertises diligentées, dont celles de KPMG, la situaient à environ 620 M€. Selon une enquête du JDD publiée fin février, l’offre de reprise la généreuse ne dépasserait pas 530 M€.
Ce dossier complexe pose de multiples questions non résolues à ce jour. Nous en retiendrons au moins trois : l’offre retenue par le tribunal de commerce permettra-t-elle rembourser les investisseurs d’au moins leur capital ? Le sinistre Maranatha sonne-t-il le glas de ce mode de financement de l’immobilier hôtelier (commandites, clubs deal, véhicules de placements commercialisés par des conseillers en gestion de patrimoine) ? La responsabilité civile et pénale d’Olivier Carvin, fondateur du groupe et initiateur de ces produits, sera-t-elle engagée ?
Les hôtels et structures de holding de Maranata en redressement judiciaire
(selon le recensement effectué par l’Adefima, association de défense des investisseurs Maranatha *)
* L’Adefima, qui revendique près de 2000 membres, n’est pas la seule organisation de défense des investisseurs, le Coddima (Collectif de Défense des Investisseurs Maranatha) s’est également constitué et revendique représenter 1300 investisseurs.