Les performances hôtelières d'ensemble masquent de gros écarts de résultats

Le bilan annuel réalisé par l’Insee sur l’exercice touristique écoulé (publié en avril) permet de compléter, préciser et nuancer les études sectorielles privées présentées chaque mois. L’examen de ce bilan est indispensable si l’on veut comprendre les évolutions du marché de l’hébergement touristique français et singulièrement de son marché hôtelier.

Comme déjà annoncé sur HR-infos, la fréquentation des hébergements collectifs a atteint un niveau record en 2017, avec 428,7 millions de nuitées engrangées. Et une progression d’une année sur l’autre de 5,6 %, soit 23 millions de nuitées supplémentaires.

Il faut toutefois nuancer ce bilan pour se prémunir contre l’autosatisfaction, en évoquant la durée de séjour, restée quasi échangée depuis une bonne décennie et limitée à 1,8 jours dans les hôtels. Ce sont donc les volumes et non la progression des dépenses par tête, comme le voudraient les pouvoirs publics, qui assureront cette année encore une progression du PIB touristique.

Cette hausse des nuitées est alimentée à la fois par les clientèles résidentes (en hausse de +2,8 %) et et non résidentes (+6,8 %). L’ampleur du retour des visiteurs internationaux impressionne. Le nombre d’Américains a ainsi bondi de 17,1%, les Asiatiques de 15,6%. La quasi totalité des nationalités ont repris le chemin de l’Hexagone ou de l’Outre-Mer, à l’exception des Britanniques, qui pâtissent du recul de la Livre sterling par rapport à l’euro.

A de rares exceptions près (comme le léger recul des Hauts-de-France), toutes les régions, à commencer par la première d’entre elles, l’Ile-de-France, et toutes les stations profitent de ce retour en grâce de la destination France.

De même, tous les types d’hébergements collectifs professionnels bénéficient de cet afflux de visiteurs. Les hôtels, boostés par le boom des nuitées de non résidents (+8,8 %) et les campings, dopés à l’inverse par celles de résidents (+6 %) voient leurs nuitées et leur taux d’occupation progresser significativement. C’est aussi le cas pour les résidences de tourisme et les villages vacances qui redémarrent enfin, après plusieurs exercices médiocres.

Dans les hôtels comme dans les campings, note l’Insee, ce sont les établissements haut de gamme qui tirent le plus la fréquentation. L’augmentation du nombre de chambres offertes dans les classés 4 et 5 étoiles n’a pas affecté leur taux d’occupation, bien au contraire. Ce segment n’est donc pas, globalement, saturé.

En se plongeant dans les séries statistiques longues de l’Insee, il est possible toutefois de repérer des tendances sectorielles sous-jacentes qui ne figurent pas dans les publications de synthèse de l’Institut, ni à fortiori dans les observatoires de conjoncture hôtelière réalisés par deux organismes privés (In Extenso TCH et Umih-Olakala).

Les données de l’Insee relatives aux chambres disponibles, aux nuitées consommées, aux taux d’occupation, à la segmentation de la clientèle (résidente-non résidente, loisirs-professionnelle) sont sans doute les plus représentatives du marché. Elaborées à partir d’échantillons représentatifs et larges, elles segmentent les résultats en fonction du type d’hôtel : classé, classé par catégorie de classement, non classé, chaîné, indépendant. Force est de constater que les performances sont sensiblement différentes selon ces typologies.

Ces données proviennent en effet des enquêtes mensuelles de fréquentation mises en place par l’Institut à partir de 1982. Dans sa rubrique « Définitions, méthodes et qualité » (en ligne sur son site internet), l’établissement public explique que cette enquête « couvre un échantillon national de 6 700 établissements de tourisme classés (1 à 5 étoiles dans le nouveau classement hôtelier) ou non classés de la France métropolitaine et des départements d’Outre-mer (DOM). L’échantillon final est de 12 000 hôtels environ pour satisfaire les besoins d’information locale. »

Parmi ces tendances sectorielles, on notera tout d’abord que le taux d’occupation du marché français en 2017 ressorti par l’Insee est significativement inférieur (61,2 %) à ceux avancés par ces deux observatoires privés (autour de 67 %). Ces derniers correspondent en réalité, à quelques décimales près, aux TO calculés par l’Institut pour les hôtels de chaînes (66,57 %).

Or, ces TO là sont fort éloignés de ceux que l’Insee établit pour les hôtels indépendants (56,38 % en 2017). Une différence de plus de 10 points. Et de 15 points même avec le TO des hôtels non classés (qui peuvent être d’ailleurs chaînés ou indépendants) qui ne dépasse pas 51,61 %.

Force est donc de le constater, les mesures de ces observatoires reflètent mal l’hétérogénéité des performances hôtelières. Et, in fine, elles surévaluent le marché. Elles n’en demeurent pas moins utiles pour suivre, mois par mois, l’activité des hôtels de chaîne.

Malgré leurs résultats très inégaux, comme on le constate (on examinera ci-dessous le tableau comparatif), toutes les grandes familles d’hôtels ont bel et bien progressé en 2017.

A commencer par les non classés, dont le parc de chambres disponibles a cru de 10 % l’an dernier, avec l’apport d’anciens classés 1 Etoile. Ces hôtels non classés engrangent deux millions de nuitées supplémentaires et améliorent de près de 4 points leur taux d’occupation, qui demeure malgré tout assez bas.

Les hôtels indépendants mettent également fin à l’hémorragie, après cinq années consécutives de recul. Bien qu’ils aient perdu en 2017 quelque 200 hôtels et près de 1 340 chambres offertes, ils récupèrent 4,2 millions de nuitées de plus qu’en 2016. Progression toutefois insuffisante pour retrouver leur niveau de 2010 (105,8 millions de chambres vs 103,6 en 2017). A la différence de leur taux d’occupation, qui gagnent 2,43 points, à 56,38 % et dépassent celui de 2010 (54,69 %)

Quant aux hôtels de chaîne, ils affichent à la fois les plus gros volumes de nuitées (106,3 millions l’an dernier) et les taux d’occupation les plus élevés du marché (66,57 %, avec une progression de 3,17 points), leur parc de chambres offertes continuant par ailleurs de s’étoffer (plus de 3 200 clefs supplémentaires), au point de peser désormais 51,3 % de l’offre.

Les indépendants auront fort à faire dans les années à venir pour contenir les nouvelles offensives commerciales de groupes hôteliers jamais assouvis dans leur désir d’agrandir leur réseau multi marques en convertissant à leurs enseignes non standardisées les adresses indépendantes potentiellement les plus porteuses.

Pour autant, cela ne signifie nullement que la partie est désormais perdue pour l’hôtellerie indépendante et que sa part de marché va se réduire d’ici 10 ans à la portion congrue. Ses handicaps, parfois associés par causalité, sont certes bien identifiés : une commercialisation insuffisante, une taille limitée, un retard d’investissement…. Mais ses atouts sont nombreux : charme, caractère, historicité, territorialité, arts de vivre à la Française, engagement de ses hôteliers… Encore faut-il que ces atouts soient suffisamment visibles de la clientèle.

L’Insee, c’est la principale limite de son bilan annuel, n’aborde pas la question économique, essentielle, de l’évolution des revenus et des prix. Ce que font les cabinets spécialisés pour les hôtels de chaîne. On ne peut que le regretter, pour une meilleure compréhension d’un marché complexe mais attractif. Qui demande aussi à ce que l’on regarde d’autres indicateurs clefs : l’évolution du chiffre d’affaires et du résultat sectoriel, la création d’entreprises et d’emplois, les défaillances, l’investissement dans le parc…

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Le bilan annuel réalisé par l'Insee sur l'exercice touristique écoulé (publié en avril) permet de compléter, préciser et nuancer les études sectorielles privées présentées chaque mois. L'examen de ce bilan est indispensable si l'on veut comprendre les évolutions du marché de l'hébergement touristique français et singulièrement de son marché hôtelier.

Comme déjà annoncé sur HR-infos, la fréquentation des hébergements collectifs a atteint un niveau record en 2017, avec 428,7 millions de nuitées engrangées. Et une progression d'une année sur l'autre de 5,6 %, soit 23 millions de nuitées supplémentaires.

Il faut toutefois nuancer ce bilan pour se prémunir contre l'autosatisfaction, en évoquant la durée de séjour, restée quasi échangée depuis une bonne décennie et limitée à 1,8 jours dans les hôtels. Ce sont donc les volumes et non la progression des dépenses par tête, comme le voudraient les pouvoirs publics, qui assureront cette année encore une progression du PIB touristique.

Cette hausse des nuitées est alimentée à la fois par les clientèles résidentes (en hausse de +2,8 %) et et non résidentes (+6,8 %). L'ampleur du retour des visiteurs internationaux impressionne. Le nombre d'Américains a ainsi bondi de 17,1%, les Asiatiques de 15,6%. La quasi totalité des nationalités ont repris le chemin de l'Hexagone ou de l'Outre-Mer, à l'exception des Britanniques, qui pâtissent du recul de la Livre sterling par rapport à l'euro.

A de rares exceptions près (comme le léger recul des Hauts-de-France), toutes les régions, à commencer par la première d'entre elles, l'Ile-de-France, et toutes les stations profitent de ce retour en grâce de la destination France.

De même, tous les types d'hébergements collectifs professionnels bénéficient de cet afflux de visiteurs. Les hôtels, boostés par le boom des nuitées de non résidents (+8,8 %) et les campings, dopés à l'inverse par celles de résidents (+6 %) voient leurs nuitées et leur taux d'occupation progresser significativement. C'est aussi le cas pour les résidences de tourisme et les villages vacances qui redémarrent enfin, après plusieurs exercices médiocres.

Dans les hôtels comme dans les campings, note l'Insee, ce sont les établissements haut de gamme qui tirent le plus la fréquentation. L'augmentation du nombre de chambres offertes dans les classés 4 et 5 étoiles n'a pas affecté leur taux d'occupation, bien au contraire. Ce segment n'est donc pas, globalement, saturé.

En se plongeant dans les séries statistiques longues de l'Insee, il est possible toutefois de repérer des tendances sectorielles sous-jacentes qui ne figurent pas dans les publications de synthèse de l'Institut, ni à fortiori dans les observatoires de conjoncture hôtelière réalisés par deux organismes privés (In Extenso TCH et Umih-Olakala).

Les données de l'Insee relatives aux chambres disponibles, aux nuitées consommées, aux taux d'occupation, à la segmentation de la clientèle (résidente-non résidente, loisirs-professionnelle) sont sans doute les plus représentatives du marché. Elaborées à partir d'échantillons représentatifs et larges, elles segmentent les résultats en fonction du type d'hôtel : classé, classé par catégorie de classement, non classé, chaîné, indépendant. Force est de constater que les performances sont sensiblement différentes selon ces typologies.

Ces données proviennent en effet des enquêtes mensuelles de fréquentation mises en place par l'Institut à partir de 1982. Dans sa rubrique "Définitions, méthodes et qualité" (en ligne sur son site internet), l'établissement public explique que cette enquête "couvre un échantillon national de 6 700 établissements de tourisme classés (1 à 5 étoiles dans le nouveau classement hôtelier) ou non classés de la France métropolitaine et des départements d'Outre-mer (DOM). L'échantillon final est de 12 000 hôtels environ pour satisfaire les besoins d'information locale."

Parmi ces tendances sectorielles, on notera tout d'abord que le taux d'occupation du marché français en 2017 ressorti par l'Insee est significativement inférieur (61,2 %) à ceux avancés par ces deux observatoires privés (autour de 67 %). Ces derniers correspondent en réalité, à quelques décimales près, aux TO calculés par l'Institut pour les hôtels de chaînes (66,57 %).

Or, ces TO là sont fort éloignés de ceux que l'Insee établit pour les hôtels indépendants (56,38 % en 2017). Une différence de plus de 10 points. Et de 15 points même avec le TO des hôtels non classés (qui peuvent être d'ailleurs chaînés ou indépendants) qui ne dépasse pas 51,61 %.

Force est donc de le constater, les mesures de ces observatoires reflètent mal l'hétérogénéité des performances hôtelières. Et, in fine, elles surévaluent le marché. Elles n'en demeurent pas moins utiles pour suivre, mois par mois, l'activité des hôtels de chaîne.

Malgré leurs résultats très inégaux, comme on le constate (on examinera ci-dessous le tableau comparatif), toutes les grandes familles d'hôtels ont bel et bien progressé en 2017.

A commencer par les non classés, dont le parc de chambres disponibles a cru de 10 % l'an dernier, avec l'apport d'anciens classés 1 Etoile. Ces hôtels non classés engrangent deux millions de nuitées supplémentaires et améliorent de près de 4 points leur taux d'occupation, qui demeure malgré tout assez bas.

Les hôtels indépendants mettent également fin à l'hémorragie, après cinq années consécutives de recul. Bien qu'ils aient perdu en 2017 quelque 200 hôtels et près de 1 340 chambres offertes, ils récupèrent 4,2 millions de nuitées de plus qu'en 2016. Progression toutefois insuffisante pour retrouver leur niveau de 2010 (105,8 millions de chambres vs 103,6 en 2017). A la différence de leur taux d'occupation, qui gagnent 2,43 points, à 56,38 % et dépassent celui de 2010 (54,69 %)

Quant aux hôtels de chaîne, ils affichent à la fois les plus gros volumes de nuitées (106,3 millions l'an dernier) et les taux d'occupation les plus élevés du marché (66,57 %, avec une progression de 3,17 points), leur parc de chambres offertes continuant par ailleurs de s'étoffer (plus de 3 200 clefs supplémentaires), au point de peser désormais 51,3 % de l'offre.

Les indépendants auront fort à faire dans les années à venir pour contenir les nouvelles offensives commerciales de groupes hôteliers jamais assouvis dans leur désir d'agrandir leur réseau multi marques en convertissant à leurs enseignes non standardisées les adresses indépendantes potentiellement les plus porteuses.

Pour autant, cela ne signifie nullement que la partie est désormais perdue pour l'hôtellerie indépendante et que sa part de marché va se réduire d'ici 10 ans à la portion congrue. Ses handicaps, parfois associés par causalité, sont certes bien identifiés : une commercialisation insuffisante, une taille limitée, un retard d'investissement.... Mais ses atouts sont nombreux : charme, caractère, historicité, territorialité, arts de vivre à la Française, engagement de ses hôteliers... Encore faut-il que ces atouts soient suffisamment visibles de la clientèle.

L'Insee, c'est la principale limite de son bilan annuel, n'aborde pas la question économique, essentielle, de l'évolution des revenus et des prix. Ce que font les cabinets spécialisés pour les hôtels de chaîne. On ne peut que le regretter, pour une meilleure compréhension d'un marché complexe mais attractif. Qui demande aussi à ce que l'on regarde d'autres indicateurs clefs : l'évolution du chiffre d'affaires et du résultat sectoriel, la création d'entreprises et d'emplois, les défaillances, l'investissement dans le parc... "
Ouvert en 2017 à Paris par Brice Errera et Samuel Gelrubin, promoteurs et investisseurs immobiliers de 39 ans, le Maison Breguet installe ses 5 étoiles dans le quartier anciennement populaire de la Bastille, en investissant une ancienne fabrique de machines de buanderie. Un boutique-hôtel chic de 53 chambres, brillamment décoré par Juan Alvarez, qui se veut "à contre-courant des chaînes hôtelières internationales".
Tous les types d’hébergement repartent à la hausse

* Nuitées : Correspondent au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement touristique. Un couple séjournant trois nuits dans un établissement compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une nuit.
** Période d’avril à septembre.
Sources : Insee  en partenariat avec la DGE et les comités régionaux et départementaux du tourisme, enquêtes EFH,EFHPA et EFAHCT.

Prime de croissance pour les hôtels classés, en particulier les 4 et 5 étoiles

* Taux d’occupation : rapport du nombre de chambres (ou d ’emplacements ou d’unités d’hébergements) occupées au nombre de chambres (ou d’emplacements ou d’unités d’hébergements) effectivement offertes sur une période donnée (c’est-à-dire en excluant les fermetures saisonnières). Champ : hôtels  situés en France métropolitaine.
Sources : Insee en partenariat avec la DGE et les comités régionaux et départementaux du tourisme, enquêtes EFH et EFHPA ; Atout France.

Ecart de plus de  10 points entre TO d’hôtels de chaînes et d’hôtels indépendants

Sources : Inse séries longues Tourisme France métropolitaine – Tableau HR-infos. (*) Certains de ces hôtels peuvent être non classés. En rouge : les taux d’occupation en recul par rapport à l’année précédente 

Ce simple tableau, extrait des séries longues de l’Insee, est riche d’enseignements. On se limitera ici à observer que les 101 393 chambres offertes en 2017 par les hôtels de chaînes ont produit davantage de nuitées (106,3 millions) que les 113 770 chambres des hôtels indépendants (103,6 millions). Cette bipolarisation du secteur et ce pourcentage élevé d’hôtels et de chambres de chaînes, qui produisent désormais depuis 2015 une (petite) majorité de nuitées, malgré leur moindre proportion d’établissements et de clefs, sont l’une des singularités de l’industrie hôtelière française.

L’étude complète de l’Insee à télécharger
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