Les solos ont peut-être sauvé la restauration commerciale française d’une nouvelle année de marasme. Selon le spécialiste des études de marché NPD Group, près d’un client sur trois a fréquenté seul ses différents circuits en 2016, un chiffre en augmentation de 4 % par rapport à 2015, quand celui du visitorat global est resté quasi inchangé (+0,4 %).
Certes, ces solos pèsent toujours un peu moins de 25% des dépenses du marché (11 milliards), en raison d’un ticket moyen qui reste inférieur : 6,66 euros contre 7,4 euros. Nos solitaires, en effet, sont peu friands de produits additionnels (entrées, desserts, cafés) et de boissons alcoolisées.
Mais nul doute qu’au fil des ans, le poids des solitaires augmente continûment sur un marché mâture. Entre 2010 et 2016, pendant que le nombre total de visites reculait de 3 %, celui des clients consommant seuls progressait de 9 %, soit l’équivalent de 138 millions de visites supplémentaires.
Où a-t-on le plus de chance ou de risque de croiser un ou une esseulée volontaire ? Certainement le matin. Près d’un sur deux se rend dans une boulangerie ou un café pour avaler une boisson ou une viennoiserie. 30 % fréquentent encore le déjeuner mais 15 % seulement la soirée. Ceci explique que les solitaires représentent 50 % des clients d’une boulangerie mais seulement 18 % des acheteurs de pizzas à emporter.
Préoccupation la plus commune à tous ces solistes : manger, ne pas y perdre de temps. Qu’importe pour eux la pause-repas, délaissée au profit du boulot, des déplacements pros et du temps pour soi. Ce qui explique que 70 % d’entre prennent un en-cas/repas à emporter et qu’ils privilégient largement la restauration rapide (36 % des visites de fast sont le fait d’âmes seules)
Pressés, connectés à leur portable ou à leur tablette, décomplexés, les solitaires sont à l’avant-garde, à tort ou à raison, de ces nouveaux courants de consommateurs, recrutés surtout chez les actifs de 18-49 ans (40 % d’entre eux sont des solos), qui déstructurent à tout va leur repas, mangeant et déambulant sur le pouce.
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