En dépit de la reprise de son activité, la Restauration reste l'un des secteurs économiques qui cumulent le plus de jours de retard de paiement, au-delà de la limite des 60 jours légaux, selon la dernière étude Altares. Après avoir culminé à 24 jours en moyenne sur 2020 et 2021, en raison de la crise sanitaire, ses retards retombaient à 18,8 jours au dernier trimestre 2022. Mais ils se dégradent à nouveau en 2023 avec près de 20 jours de décalage. Amorce de dérapage également dans les débits de boissons. Mais les deux tiers paient encore dans les délais. Stabilité dans l'hôtellerie.
Hétérogénéités et paradoxes entre les trois secteurs
L’Hébergement est le seul grand secteur de la branche où la majorité (une petite majorité) des établissements sont familiers des paiements hors délais (51,7%). Mais c’est aussi celui où la durée moyenne des retards est la plus limitée : 12,8 jours (72,8 jours en réalité). Et où la proportion de gros retardataires est la plus faible. 8,10 % seulement d’entre eux cumulent plus de 30 jours de retard.
Profil inverse pour la Restauration. Contrairement aux hébergements collectifs, la majorité de restaurants (51,8 %) paie à échéance. Mais les 49,2 % qui paient en retard ont des délais de paiement contrevants nettement plus élevés : 19,4 jours, soit 7 jours de plus que dans l’Hébergement. Ce qui revient à payer pratiquement à 80 jours ! Et ils sont près de 15 % à payer avec plus de 30 jours de retard (soit à plus de 90 jours !)
Troisième cas de figure avec les débits de boissons. Ils sont en proportion nettement plus nombreux que les hôtels et les restaurants à payer dans les temps légaux (plus de 60 %). Notamment en raison de l’obligation imposées par les distributeurs (en particulier de boissons) de payer leurs livraisons « au cul du camion ». En revanche, avec 17,8 jours, ils ne sont pas loin de cumuler les plus gros retards moyens. Et tout comme les restaurants, ils sont également près de 15 % à régler leurs fournisseurs avec plus de 30 jours de retard.
Source : Altares – situation au 2 ème trimestre 2023 – tableau HR-infos
Des retards plus élevés dans la branche que dans la moyenne des autres activités
La tendance recommence à se tendre pour les débits de boisson. Les retards s’envolent de 4 jours sur le premier semestre en comparaison de 2022 (18,2 jours au 1er semestre 2023 vs. 14,2 jours en 2022).
La Restauration, également, flirte à nouveau avec les 20 jours de retard. Mais elle demeure toutefois à son niveau du deuxième trimestre 2022 (19,4 jours)
Seul l’Hébergement voit son indicateur de retard de paiement reculer par rapport au deuxième trimestre 2022 (12,8 vs 13,1). Il se maintient à un niveau assez bas mais reste supérieur à la moyenne de l’ensemble des activités (12 jours).
Cette tendance à la remontée des retards de paiement n’est pas sans lien vec la recrudescence des défaillances d’entreprises au deuxième trimestre 2023.
Le nombre de liquidations a fortement augmenté, y compris d’ailleurs dans l’Hébergement (45 fermetures vs 36 au 2T 2022). Mais la Restauration a été la plus sévèrement touchée. Avec 1068 liquidations enregistrées (dont 431 dans la Rapide), soit 50 % de plus qu’un an plus tôt.
Source : Altares – traitement HR-infos
Thierry Millon, directeur des études chez Altares
« Le secteur souffre naturellement d’une consommation des ménages trop faible pour compenser des charges d’exploitation plus lourdes (inflation, énergie, TC d’intérêt).
L’effet de ciseau défavorable pèse sur les trésoreries qui par ailleurs doivent encore répondre du remboursement de la dette Covid. »
La Restauration dans le Flop 5 des délais de paiement
Source : Altares – – situation au 2 ème trimestre 2023 – traitement HR-infos
Le top 5 des secteurs d’activité les plus vertueux
Source : Altares – situation au 2 ème trimestre 2023 – traitement HR-infos