Réunie à Madrid en session d'urgence les 27 et 28 avril, l'Assemblée générale de l'OMT a voté à une large majorité la suspension de la Russie, celle-ci perdant ses droits et privilèges de membre de cette institution spécialisée des Nations Unies. Pour le secrétaire général de l'OMT, le Géorgien Zurab Pololikashvili, ses agissements étaient « indéfendables et contraires aux principes mêmes de l’OMT et à ceux de la gouvernance internationale. ». La Fédération de Russie, ne prenant pas la peine de défendre sa position, avait annoncé son retrait de l'OMT avant la tenue du débat.
Cette session d’urgence est la première dans l’histoire de l’OMT. Auparavant, début mars, l’agence onusienne en charge de « promouvoir un tourisme responsable, durable et universellement accessible » avait annoncé que son conseil exécutif demandait la suspension de la Fédération de la Russie, en raison de la guerre qu’elle mène en Ukraine. La réunion extraordinaire de Madrid a permis aux membres de l’OMT d’en débattre et de se prononcer.
99 de ses 160 Etats-Membres étaient présents au siège de l’OMT. Plus de la majorité requise des deux tiers d’entre eux ont voté sa suspension. Suspension temporaire toutefois. Que l’Assemblée générale pourra lever ultérieurement, selon une procédure similaire. A la majorité des deux tiers de ses membres.
Cette décision prive la Russie de ses droits de siéger, voter et utiliser les services de l’OMT, assistance technique notamment. Mais elle revêt surtout une valeur de symbole, au regard des statuts de l’OMT.
D’autant que la Russie avait pris les devants. Son représentant avait, en effet, annoncé, en ouverture de la session d’urgence, son intention de se retirer de l’OMT. Formellement, ce retrait volontaire aurait été soumis à un délai d’un an. Mais la suspension, elle, est d’effet immédiat.
Les Russes avaient agi de façon similaire début avril. L’Assemblée générale de l’Onu avait décidé le 7 avril de suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme. Moscou avait un retrait anticipé du Conseil, renonçant de fait à une simple suspension.
Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l’OMT
« Les membres de l’OMT ont fait passer un message clair : le tourisme est un pilier de la paix et de l’amitié internationale, et les membres de l’OMT doivent défendre ces valeurs ou s’exposent à des conséquences, sans exceptions. Cette session d’urgence de l’Assemblée générale montre que les agissements de la Fédération de Russie sont indéfendables et contraires aux principes mêmes de l’OMT et à ceux de la gouvernance internationale. »