Une production en léger repli…
En 2014, pour la troisième année consécutive, la production (notion différente* de celle du chiffre d’affaires) fléchit dans la branche hébergement-restauration (- 1 % en volume, inflation comprise), alors qu’elle croît dans l’ensemble des services marchands (+ 1,3 %).
Cette baisse, similaire dans l’hébergement et la restauration, est toutefois plus modérée qu’en 2013 (- 3 %), malgré l’effet négatif sur la demande du relèvement à 10 % de la TVA à taux réduit (+ 3 points)en vigueur depuis le 1er janvier 2014.
L’hébergement pour sa part, n’a jamais retrouvé le pic de production qu’il avait atteint en 2007. Contrairement à la restauration qui a tiré parti de l’effet TVA (passé de 20 % à 5,5 %) instauré en juillet 2009. Son indice a constamment progressé entre 2009 et 2012 (+ 8,5 % en cumul), y compris en 2012 lors que le taux réduit est passé de 5,5 % à 7 %.
… Mais une nette progression des marges, en particulier dans l’hébergement
En 2013 (dernière année statistique disponible à ce jour), malgré la baisse de la production, la branche a enregistré une amélioration de ses ratios financiers. A commencer par le taux de marge (qui est le rapport de l’Excédent Brut d’Exploitation à la Valeur Ajoutée) qui passe de 16,9 % à 19,2 %. L’Insee souligne toutefois que cette marge est inférieure à celle constatée dans les services marchands non financiers (29,9 %) hors sièges sociaux.
Selon, l’Insee, la déduction du montant du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) des charges de personnel explique, pour partie, l’amélioration de ce ratio.
Par ailleurs, cette hausse du taux de marge est plus sensible dans l’hébergement (29,7 % en 2013, soit + 5 points par rapport à 2012) que dans la restauration (15,6 %, + 1 point).
L’embellie se manifeste également davantage dans les entreprises de 10 à 249 salariés (+ 5 points, contre + 1 point dans celles de 250 salariés ou plus et + 2 points dans celles de moins de 10 salariés).
L’emploi salarié (hors intérim) a continué de progresser
Paradoxalement, la légère contraction de la demande en 2014 n’a pas affecté l’emploi salarié en équivalent temps plein (ETP). Il progresse de 0,4 % en 2014 ( soit environ +3 900 postes), après une stabilité en 2013 et même un légère recul en 2012.
La restauration (+0,7%, soit +5000 postes) tire l’évolution du secteur à la hausse, alors que l’emploi est toujours en recul dans l’hébergement (-0,4%, soit + 1 100 postes)
Cette embellie a encouragé la création de nouveaux emplois salariés entre 2008 et 2011, à un rythme de croissance voisin de celui de la production (respectivement + 4,6 % et + 5,6 %).
La branche enregistre également un solde net d’entreprises. Les données Esane enregistrent en 2013 261 444 unités légales (personne physique ou personnelle morale dûment enregistrée pour exercer une activité économique) contre 252 627 en 2012. 95 % de ces unités légales ont un effectif inférieur à 10 salariés.
Des investissements toujours soutenus dans un contexte de croissance des ventes
Le montant des investissements bruts corporels hors apports (de l’ordre de 6,5 milliards d’euros) ainsi que le taux d’investissement (17,2 % versus 17,5 % en 2012, rapport de l’investissement à la valeur ajoutée, ), restent stables en 2013.
Ce taux moyen masque cependant un fort écart de comportement entre hébergement et restauration, observe l’Insee.
La restauration, activité intensive en main d’œuvre, investit peu au regard de la valeur ajoutée dégagée (11,8 %). Au contraire, l’hébergement, qui requiert l’immobilisation de capitaux importants, réalise un des plus importants efforts d’investissement des services marchands (31,7 %).
En 2013, le taux d’investissement s’améliore dans l’hôtellerie (+ 3 points pour la deuxième année consécutive) et les débits de boissons (+ 2 points), il baisse dans les autres activités.
Les investissements se sont ainsi élevés en 2013 à 3,260 milliards d’euros dans l’hébergement pour une valeur ajoutée de 10,196 milliards et un chiffre d’affaires de 23,550 milliards. Alors qu’ils s’élevaient à 3,190 milliards dans la restauration pour une valeur ajoutée de 27,512 milliards et un chiffre d’affaires de 65,5 milliards. Les investissements sont donc proportionnellement beaucoup plus élevés dans l’hébergement.
A noter enfin que les données Esane (Elaboration des Statistiques Annuelles de Entreprises établie par l’Insee à partir des déclarations fiscales et sociales des sociétés) indiquent une croissance positive entre 2013 et 2012 du chiffre d’affaires des secteurs d’activités hébergement restauration, exception faite d’un léger fléchissement de celui de l’hébergement. Positive également pour son Excédent Brut d’Exploitation et son Résultat net (celui-ci a quadruplé en 1 an pour l’hébergement, ce qui interroge sur la fiabilité de cette donnée).
Toutefois, la comparaison en évolution annuelle des données Esane reste délicate et incite à la prudence. En effet, d’une année sur l’autre, le champ des unités légales peut avoir été modifié, principalement sur les plus petites unités, ce qui peut fausser, dans une certaine mesure, l’analyse des évolutions.
*{par production, la comptabilité nationale entend une « Activité exercée sous le contrôle et la responsabilité d’une unité institutionnelle qui combine des ressources en main-d’œuvre, capital et biens et services pour fabriquer des biens ou fournir des services, et résultat de cette activité »}
Sources : Insee, DGE