La revalorisation des salaires négociée début juin par les partenaires sociaux atteint en moyenne un peu plus de 5 % par rapport à la grille de décembre 2021, et autour de 3 % en intégrant l'inflation. Le premier échelon à 11,72 € se situe de nouveau au-dessus du Smic (11,52 €). Un autre texte adopté prévoit un passage automatique au niveau I - échelon 2 (11,80 €) pour les salariés ayant une année d'ancienneté. Les trois organisations professionnelles (GHR, GNC et UMIH) sont signataires de ces accords, ainsi que la CFDT et FO. Leur extension est espérée pour le 1er septembre.
Un bon salaire, revalorisé chaque fois que nécessaire, pour un salarié, c’est le plus efficace des boucliers anti-inflation ! Les 670 000 salariés de la branche HCR peuvent enfin, à leur tour, espérer percevoir un salaire protégeant leur pouvoir d’achat. Un salaire, par conséquent, qui absorbe, au moins durant quelques mois, les hausses de prix très fortes subies depuis 18 mois. De l’ordre de 6 % en rythme annuel.
Oui mais quand ? Dès maintenant ! En effet, la majorité des partenaires sociaux de la branche ont signé l’avenant à la convention collective qui fixe cette nouvelle grille des salaires. Mais la seule garantie juridique que tous les salariés en bénéficient réside dans « l’extension » de cet accord. Un processus formel qui nécessite généralement trois à quatre mois.
L’application obligatoire de cette grille dans les 113 000 entreprises de la branche passera par la publication au Journal Officiel de son arrêté d’extension. Si celui-ci est publié courant août, la grille s’imposera à toutes les entreprises à compter du 1er septembre. Si sa publication n’intervenait qu’en septembre, elle ne s’imposera en octobre.
L’intérêt des salariés est que cette extension intervienne le plus tôt possible. Faute de quoi, l’inflation, à nouveau, rattrapera et dépassera les minima de la grille. Avec pour conséquence, des pertes de pouvoir d’achat. Ce qui vient de se produire dans les HCR.
Course poursuite entre inflation et revalorisation des minima salariaux
De fait, cette grille de salaires de juin 2023 va enfin rattraper les deux dernières revalorisations du Smic opérées le 1er janvier (11,27 €) et le 1er mai 2023 (11,52 €). A 11,72 €, l’échelon 1 du niveau 1 de la grille HCR se situe 1,7 % au-dessus du Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic).
La précédente grille adoptée en décembre 2021 et étendue en avril 2022 avait aussi l’avantage de fixer un premier échelon (11,01 €) bien au dessus du Smic applicable à partir du 1er janvier 2022 (10,57 €) et du 1er mai 2022 (10,85 €).
Mais dès le 1er août 2022, une partie de la grille passait sous les revalorisations de Smic déclenchées en août 2022 (11,06 €) et en janvier 2023 (11,27 €). Les très nombreux salariés soumis aux trois échelons du niveau I et au premier échelon II ont donc été potentiellement payés en deça du Smic.
Ce retour en arrière aurait pu être en grande évité si une négociation s’était tenue et conclue fin 2022. Les syndicats de salariés en rejettent la responsabilité sur les organisations professionnelles, et singulièrement l’Umih.
Toujours aucune avancée sur l’amélioration des conditions de travail
Enfin, il est bon de rappeler que cette grille fixe des minima conventionnels. Un filet de sécurité pour éviter les abus de faiblesse salariale ! Chaque entreprise conserve l’initiative de faire mieux. Et certaines, oui mais combien… ne s’en privent pas. C’est d’ailleurs leur intérêt en période de tension sur le recrutement.
FO et CFDT, tout comme la CGC et la CGT, rappelent aussi qu’un métier bien rémunéré ne suffit pas à le rendre attractif. Les HCR doivent aussi améliorer les conditions de travail. Et sur ce point, les négociations sont toujours au point mort, déplorent les syndicats. Aucune avancée sur les coupures, les jours de repos, les week-ends…
A ce titre, la restauration rapide, souvent vilipendée dans le passé, a montré l’exemple en concluant en avril 2023 un accord sur la qualité de vie au travail qui fera date. Les HCR, s’ils veulent réduire leur pénurie de personnel, seraient bien inspirés de s’en inspirer…
La grille de salaires minima conventionnels des HCR proposée à la signature
Projet d’avenant sur la prise en compte de l’expérience professionnelle
Cet avenant prévoit que les salariés classés à l’échelon 1 du niveau I, justifiant d’un an d’ancienneté ininterrompue au service du même employeur, décompté à partir de la signature du présent avenant,
bénéficieront, dans cette entreprise, d’un échelon supplémentaire. Auparavant, l’automacité du passage à l’échelon ne jouait qu’au terme de la troisième année d’ancienneté.
Pour les salariés saisonniers, sont concernés les salariés ayant effectué au moins deux mêmes saisons dans la même entreprise sur deux années consécutives.