1,7 million de personnes souffrent de déficience visuelle en France, selon une enquête de l’Insee et du ministère de la Santé. Pour mieux les accueillir dans les ERP (Etablissements Recevant du Public), comme l’exige la loi Accessibilité de février 2005 en vigueur depuis le 1er janvier 2015, il faut aussi veiller à ce qu’ils comprennent sans difficultés les cartes des restaurants.
L’approche la plus naturelle serait de prendre le temps de présenter la carte à ses hôtes. Mais cela n’est pas toujours possible dans les faits, en raison de l’exigence de rapidité du service. Des solutions techniques doivent donc être envisagées.
Pour les déficiences visuelles modérées, une carte rédigée en gros caractères (corps 18) dans une police « bâton » (type Arial, Verdana ou Calibri) peut suffire, avec des interlignages larges et des photos descriptives.
Pour les déficiences profondes, on peut mettre à disposition une carte en braille. Cette prestation est notamment proposée par le Centre de Transcription et d’Edition en Braille (CTEB), basé à Toulouse (lire notre article). Mais ces cartes présentent deux limites : leur coût (la fabrication d’un seul menu en braille coûte entre 30 et 50 euros) et leur utilisation limitée aux personnes maîtrisant la lecture en braille (de 10 à 15 % de la population totale des non voyants).
Une autre solution a vu le jour fin 2016 : « La Carte sonore ». L’initiative en revient à la
Jeune Chambre Economique Française (JCEF), avec le soutien de son partenaire, le groupe mutualiste Macif.
Le principe de la Carte sonore est simple. Le restaurateur enregistre son menu sur un dictaphone fourni par la JCEF. Lors du service, il remet ce dictaphone allumé à son convive qui appuiera sur la touche lecture (une touche en relief perle) pour écouter la description du menu.
« Le projet est né à la Jeune Chambre Economique (JCE) de Saint-Omer (Pas-de-Calais) suite à une conversation avec un restaurateur qui souhaitait répondre à une problématique d’accès pour les déficients visuels, explique la Macif. Le projet a été monté en associant des aveugles qui ont pu choisir la solution la plus efficiente pour leurs besoins. » Ce restaurateur avait envisagé au départ de proposer un menu en braille, mais il en a été dissuadé par les coûts d’impression.
Le restaurateur et la JCE ont donc choisi la solution du dictaphone, qu’ils ont jugé moins onéreux et d’une utilisation simple et large, tant pour le professionnel que pour ses clients, explique la Macif. Ce petit appareil permet de changer la carte au gré des saisons et de l’inspiration du chef. Il sera également utile aux personnes âgées qui perdent l’acuité visuelle, aux handicapés mentaux, les dyslexiques, les analphabètes.
Objectif de la JCEF et du groupe Macif : équiper d’un kit « Carte sonore » au moins 1 000 restaurants d’ici fin 2017.
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