D’ici la fin de l’année 2017, AccorHotels cessera de commercialiser des hôtels indépendants sur sa plate-forme de distribution en ligne. La direction de la communication du groupe a confirmé cette information publiée le 8 novembre sur le site internet du mensuel L’Echo Touristique.
Depuis juin 2015, en effet, les voyageurs qui faisaient leur marché hôtelier sur la place digitale du groupe se voyaient proposer non seulement les 4200 hôtels sous enseignes AccorHotels mais également une sélection de 2200 hôtels indépendants. Ce ne sera donc plus le cas à partir de 2018.
Officiellement, les faibles retombées clients pour les hôtels indépendants, faute d’une visibilité suffisante, expliquent la décision du groupe de mettre un terme à cette place de marché ouverte.
Selon une porte-parole du numéro 1 européen citée par l’agence Reuters, le groupe a admis qu’il lui aurait fallu « consacrer davantage d’investissements dans le marketing et le référencement (achats de mots clé, publicité) pour faire savoir aux clients particuliers que ces hôtels indépendants étaient disponibles sur sa plate-forme ».
Accor va donc désormais se concentrer exclusivement sur la promotion de ses marques, dont trois nouvelles viennent d’entrer dans son portefeuille : Raffle, Fairmont, swissôtel. « Le groupe a profondément changé. La priorité aujourd’hui, c’est de brancher toutes ses marques sur la plate-forme », a précisé en tout cas la porte-parole. A ses 23 marques et 4 100 hôtels, il faut ajouter aussi les 10 000 résidences privées gérées par Onefinestay (racheté en 2016 par Accor). Celles-ci, toutefois, ne sont pas distribuées sur la plate-forme hôtelière.
Mais il y a sans doute une deuxième explication à cet arrêt. Accor devait rétablir la confiance avec ses franchisés français, fort entamée par une série d’initiatives mal acceptées par eux. En juin 2017, l’Association des franchisés AccorHotels (Afa, 306 membres) n’avait pas hésité, via un communiqué de presse, à étaler sur la place publique ses différends avec la direction de la filiale française du groupe. L’AFA dénonçait des hausses de redevance injustifiées et l’ouverture non concertée de la plate-forme accorhotels.com aux indépendants, autrement dit à leurs concurrents.
Que Sébastien Bazin lui-même, le PDG du groupe, ait pris la peine d’annoncer cette décision le 7 novembre à Madrid lors de la convention annuelle des « partenaires » franchisés et managés » d’AccorHotels, ne tient évidemment pas du hasard.
Avec cet abandon, AccorHotels renonce de fait à son ambition de concurrencer frontalement les sites de réservation pure player comme booking.com ou hotels.com. Reste à savoir si toute la messe a été dite. Sébastien Bazin ambitionnait de faire de son groupe » le 1er pôle de services BtoB européen à destination des hôteliers indépendants ». Une ambition réduite si elle se limite maintenant à leur fournir la technologie de ses filiales Fastbooking et Avaipro.
Le renoncement à cette place de marché ouverte s’est traduit aussi par le départ contraint des trois cadres qui la pilotaient. Romain Roulleau a quitté en septembre son poste de directeur e-commerce et services digitaux. Jean-Luc Chrétien (ex-Comex d’AccorHotels) et Guillaume de Marcillac, les deux co-DG de la filiale Fastbooking, l’ont suivi en octobre.
Cet arrêt intervient alors même que la direction digitale du groupe, conduite par une nouvelle patronne depuis avril, Maud Bailly, en charge aussi des ventes et de la distribution, est en pleine réorganisation et doit poursuivre et amplifier la transformation numérique engagée en 2014 par son prédécesseur Vivek Badrinath.
Maud Bailly vient d’ailleurs de retrouver chez Accor Franck Gervais, un ancien cadre dirigeant, tout comme elle, du groupe SNCF, où elle a exercé entre 2011 et 2015. L’ancien directeur général de Voyages-sncf.com est devenu depuis le 1er novembre le premier patron d’Hotel Services Europe.
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