La sécurité avant tout ! A l’issue du Comité interministériel sur le Tourisme réuni le 7 novembre Manuel Valls a annoncé une batterie de mesures et une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d’euros pour défendre le tourisme, un secteur plombé par les attentats et des braquages comme celui de la célébrité Kim Kardashian.
«Il faut le dire clairement: avec les attentats qui ont frappé notre pays en 2015, avec les grèves, les manifestations, les violences, les agressions ciblant notamment les touristes asiatiques, le tourisme en France traverse une passe difficile», reconnaît-on à Matignon.
Au terme d’une réunion en début de soirée avec plusieurs ministres concernés dont Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères), le Premier ministre a officialisé -en se contentant finalement d’un communiqué au lieu d’une conférence de presse- un plan doté d’environ 42 millions d’euros.
Le principal volet (15 millions), concerne la sécurité des touristes, essentiellement en région parisienne. Concrètement, il est ainsi prévu d’équiper plusieurs zones touristiques en caméras de surveillance, notamment dans des secteurs entachés récemment par des braquages (tunnel du Landy, hôtels de la périphérie parisienne…).
Neuf millions d’euros iront au renforcement de la sécurité des 30 sites culturels les plus fréquentés (Louvre, Musée d’Orsay, Versailles, Arc de Triomphe…), dont la fréquentation est en nette baisse, ainsi qu’aux festivals.
Parmi les autres mesures: une trentaine de fourgons commandés afin de permettre à des victimes étrangères de porter plainte sans avoir à se rendre dans un commissariat. Et quelque 80 bornes Parafe (passage accéléré par passeport biométrique) supplémentaires installées à Roissy et Orly pour désengorger les files d’attentes.
Les professionnels interrogés par l’AFP ont jugé que le plan n’était pas à la hauteur de leur crise.
Pour Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, ces mesures sont «mieux que rien». Mais l’enveloppe de 40 millions d’euros qui y est accordée «est dérisoire par rapport aux retombées économiques des touristes étrangers en France qui s’élèvent à 50 milliards d’euros».
Pour Didier Chenet, président du GNI (groupement national des indépendants), «c’est une très bonne chose de rassurer les touristes sur le volet sécuritaire mais il n’y a pas que ça. Nous sommes dans une concurrence mondiale, il faut donc absolument supprimer le terme d’état d’urgence qui fait fuir les touristes», explique-t-il à l’AFP.
Pour les entreprises du secteur les plus touchées, «il est nécessaire que le gouvernement lance un plan de soutien, pour les hôtels, les restaurants notamment, avec un échelonnement de la dette sur trois ou quatre années», souligne M. Chenet.
Du côté de l’UMIH et du GNC, on regrette « le manque d’envergure du plan annoncé face au poids et aux potentialités de l’industrie du tourisme dans l’économie du pays » (communiqué de presse). « Voilà 2 mois que nous ont été annoncés 10 millions d’euros pour la promotion de la destination France. Nous étions en droit d’attendre d’un Comité interministériel qui n’avait pas été réuni depuis 13 ans une hausse significative de cette enveloppe à la mesure des budgets mobilisés par nos compétiteurs européens. », regrette Roland Heguy, Président confédéral de l’UMIH
Le gouvernement avait déjà présenté un premier plan en mars, puis débloqué 10 millions d’euros en septembre pour promouvoir la destination France, inclus dans le plan dévoilé lundi.
Avec pas loin de deux millions de touristes perdus en un an, la conséquence des attentats du 13 novembre est salée pour Paris et l’Ile-de-France où hôtels comme restaurants n’ont toujours pas retrouvé leurs clientèles.
Pour l’ensemble de l’Hexagone, les arrivées internationales entre le 1er janvier et le 31 octobre ont chuté de 8,1%, selon les données du gouvernement. Ce sont les Japonais (-39%) qui ont le plus déserté la France, suivis des Chinois (-23%), des Allemands (-10,8%) et des Américains (-4%).
Début octobre, l’agression de la star de téléréalité Kim Kardashian, l’un des plus gros vols de bijoux des dernières années en France, a porté un nouveau coup dur à l’image de la capitale.
Cette agression, survenue en plein Paris, faisait suite à l’agression de touristes chinois l’été dernier, devant leur hôtel à Gonesse, celle de Coréens, dévalisés alors qu’ils s’étaient perdus à Saint-Denis ou encore cette attaque spectaculaire en août 2014 à l’entrée de l’autoroute A1 à Paris, d’une voiture du convoi d’un prince saoudien, fils du défunt roi Fahd, et ancien ministre déchu.
«Les touristes asiatiques, tous les touristes, doivent savoir qu’ils sont en France en sécurité», a assuré Matignon.
(source AFP) »