L’architecte Jessica Mille a métamorphosé la décoration du restaurant Matsuri de la rue du Bac en lui insufflant un univers pop et futuriste inspiré du Japon contemporain. Elle s'est inspiré de l’effervescence lumineuse et colorée du quartier de Harajuku à Tokyo. L’espace, tout en courbes, évoque le Shinkansen, train iconique de l’archipel. L’inox habille le tapis roulant kaiten et le dossier des sièges. Des miroirs suspendus reflètent les plats en mouvement Aux murs, une sélection d'affiches rétro pop japonaises viennent rythmer l’espace et apporter une touche graphique colorée.
Le Matsuri de la rue du Bac a rouvert ses portes en décembre 2024 après une salutaire cure de jouvence. Ceux qui connaissaient l’adresse, qui jouaient sur le noir et le sombre dans la décoration, ont du être frappés par la modernité lumineuse de son espace intérieur.
Le lieu, rectangulaire, a presque un profil de couloir, étiré dans sa longueur et relativement étroit dans sa largeur. Il se prêtait bien à la symbolique du fameux train japonais à grande vitesse Shinkansen. Mais sa réputation, bonne, repose surtout sur sa ponctualité. On se souvient aussi de ses fauteuils rotatifs que l’on retourne en fin de voyage pour les repositionner dans le sens de l’avancée du train. Au Matsuri, ce sont surtout les miroirs illuminés par des bandes LED qui rappellent les hublots du train et apportent une respiration à un espace étroit.
L’originalité architecturale tient aussi à une pré modélisation du volume intérieur. Avec une structure souple, arrondie, alvéolée, insérée dans le rectangle du local, et composée de modules fabriqués en amont puis laqués en cabine pour un résultat brillant et homogène, avant d’être assemblés sur place. Ces modules forment des sections d’arches latérales qui séparent des cloison miroirs. Arches qui se rejoignent presque au plafond. Séparés par un alignement de luminaires bombés fixés à un long caisson en inox surplombant justement le tapis roulant.
Palette chromatique douce
Jessica Mille, bien entendu, a conservé l’emblématique tapis roulant kaiten. Mais pour repenser la circulation et offrir une expérience plus immersive, l’architecte l’a segmenté et partiellement transformé en bar.
En proue du restaurant, un comptoir Matsu Café propose matcha et cafés spécialisés. Visible depuis la rue, il invite à une halte rapide ou à une découverte prolongée.
Le cahier des charges de Matsuri reposait sur une palette chromatique douce : du jaune crème, que l’on retrouve sur les murs, du bleu layette et du rose pâle, présents sur les assises. Une façon d’infuser une esthétique pop sans pour autant tomber dans l’excès. L’inox, choisi notamment pour son aspect futuriste, habille entièrement le kaiten, ainsi que le dossier des sièges.
Des miroirs suspendus au dessus du tapis roulant reflètent les plats en mouvement, renforçant l’effet visuel de fluidité et de profondeur. Aux murs, des affiches rétro pop japonaises viennent rythmer l’espace et apporter une touche graphique assumée.
De l'ombre à la lumière. Photos : Ludovic Balay
Jessica Mille
« Je suis assez fascinée par ce pan de la culture japonaise qui est hyper pop et complètement futuriste, à l’image du quartier de Harajuku, avec ses tours et toute son euphorie. C’est pour cela que j’ai pris beaucoup de plaisir à faire ce lieu.
« La finalité d’un projet est l’harmonie. Ce mot est puissant de sens, puisqu’il propose des milliers d’identités, qui peuvent se juxtaposer les unes aux autres, pour créer de l’émotion. Ces identités peuvent être contemporaine ou traditionnelles »