Le nouveau gouvernement suscite attentes et prudence

Pendant la campagne de la Présidentielle, les partenaires sociaux du secteur de l’hôtellerie-restauration, les organisations patronales au premier chef, n’ont pas lésiné à faire passer des messages. L’UMIH, première organisation patronale du secteur »

Pendant la campagne de la Présidentielle, les partenaires sociaux du secteur de l'hôtellerie-restauration, les organisations patronales au premier chef, n'ont pas lésiné à faire passer des messages. L'UMIH, première organisation patronale du secteur"

Moscovici aux Finances, Cahuzac au Budget, Montebourg au Redressement productif et, surtout, Pinel au Tourisme. Les quatre interlocuteurs ministériels de la branche seront tous logés dans la citadelle de Bercy que les partenaires sociaux, surtout le patronat, connaissent bien depuis 2009 et le lancement du contrat d’avenir.

{{Ecouter le témoignage de 7 partenaires sociaux représentatifs de la branche}}

1 – Réactions sur le gouvernement et Pinel

3 – Volet social et autres chantiers

2 – Maintien des 7 % et
stabilité économique

Pendant la campagne de la Présidentielle, les partenaires sociaux du secteur de l’hôtellerie-restauration, les organisations patronales au premier chef, n’ont pas lésiné à faire passer des messages. L’UMIH, première organisation patronale du secteur, appelait ainsi avec le GNC dans un manifeste à une « grande politique du tourisme », tandis que le numéro 2, le Synhorcat, multipliait les communiqués en faveur de la mise en place d’un « Grenelle du tourisme ».
Comment réagissent-ils maintenant que François Hollande a été élu et que Sylvia Pinel a été nommée ministre déléguée à l’Artisanat, au Commerce et au Tourisme ?
Reportage dans les rangs des partenaires sociaux pour connaître les principales attentes, entre espoirs, scepticisme et sujets sensibles, et irréductibles pour tous, comme le maintien de la TVA réduite\ »?.

Ils témoignent dans notre reportage


De gauche à droite : Roland Héguy (UMIH), Claude Daumas (Fagiht), Didier Chenet (Synhorcat), Laurent Caraux (SNRTC), Michel Jeanpierre (CFTC), Jean-Luc Giraudon (FGTA-FO), Stéphane Fustec (CGT Commerce)

LES MESSAGES QU’ILS VEULENT FAIRE PASSER RAPIDEMENT AU GOUVERNEMENT

Côté patronat

assurer une stabilité fiscale et sociale, en sanctuarisant la TVA à 7 % et en harmonisant la fiscalité entre secteurs HCR
garantir une réforme du calendrier scolaire qui préserve week-ends de 2 jours et vacances d’hiver
– organiser un Grenelle du tourisme
développer la formation en alternance
– développer des aides ciblées pour l’investissement
assouplir la réglementation (en particulier l’accessibilité handicapés)

Côté salariés

– organiser une nouvelle concertation avec l’Etat incluant cette fois les syndicats de salariés
– donner un coup de pouce au Smic
– évaluer et contrôler la bonne application des mesures sociales du contrat d’avenir
renforcer le dialogue social avec le patronat
relancer d’autres chantiers porteurs de progrès sociaux pour la branche : statut des saisonniers, pénibilité, emploi des seniors…


Ce n’est que notre analyse (mais on la partage !)

«Gouvernement, nous avons trois messages pour vous
»

Les choses sérieuses vont commencer à partir du 18 juin. Au lendemain du deuxième tour des législatives. Dans les trois semaines à venir, les membres du Gouvernement vont surtout (re)battre la campagne et se consacrer à leur (ré)élection. Autant dire que les ministères plus techniques que politiques, moins exposées aux urgences, comme celui du Tourisme, n’auront pas trouvé le temps dans l’intervalle d’entrer dans les dossiers et de se forger une doctrine. D’autant que les cabinets ministériels sont loin d’être formés.
Les représentants de la branche disposent donc d’un délai pour faire passer quelques messages à l’exécutif avant d’être reçus. Communiquer, communiquer ! Il en restera toujours quelque chose ! Surtout en parlant d’une seule voix à plusieurs, les messages résonnent ainsi plus fort !
Le premier message concernerait la. »? TVA ! forcément. Bercy va rapidement constater que sur ce sujet là, une union sacrée s’est formée entre les partenaires sociaux. Les nouveaux patrons des Finances (Moscovici) et du Budget (Cahuzac) seraient donc avisés de ne pas trancher à la hache. Pas de décision sans un audit préalable des impacts du taux réduit (et sans une simulation des effets de sa suppression) et sans une concertation préalable avec les deux parties prenantes, patronat et syndicats de salariés.
L’autre message porterait sur un sujet que l’on avait un peu oublié, avant que Vincent Peillon nous le rappelle à notre bon souvenir : les vacances scolaires. »? Sujet explosif lui aussi. L’Education nationale, comprenez les intérêts des familles et des enseignants, cela pèse tout de même plus lourd aux yeux d’un gouvernement, surtout de gauche, que ceux d’une profession extérieure.
Le gouvernement est, croit-on, le garant de l’intérêt général, celui étant davantage que la somme des intérêts particuliers, comprenez les intérêts des particuliers, comprenez les intérêts des corporations particulières (professionnelles, sociales, culturelles, sexuelles, religieuses, etc.). Il est donc de son devoir, et du nôtre, de lui rappeler, de tenter, au moins tenter, d’opérer une synthèse entre les besoins des enfants et des familles, considérés à juste titre comme prioritaires, et la pérenité d’un grand secteur économique. En la matière, les organisations professionnelles peuvent être force de propositions raisonnables. Celles de l’Umih avaient reçu d’ailleurs dans un passé récent un accueil plutôt favorable.
Le troisième message serait justement celui là : «Nous professionnels, nous avons, bien entendu, des revendications à défendre, mais nous avons aussi des propositions, compatibles avec vos projets, et qui peuvent même les enrichir». Pour preuve, les recommandations dont fourmillent les études publiées au cours de derniers mois : manifeste Umih-GNC pour une grande politique du tourisme, rapport Pélisson sur le tourisme d’affaires dans le Grand Paris, Livre Blanc du Comité de Modernisation de l’Hôtellerie Française, étude Eurogroup Consulting sur l’avenir de la restauration en France. Autant d’expertises que l’équipe Pinel a le devoir d’examiner.
Dans les démocraties avancées, qui recherchent un équilibre entre libre marché et régulations (credo de la gauche, non ?), le dialogue social avec les partenaires sociaux dont le gouvernement veut faire un principe de gouvernance, devraient aussi se doubler aussi d’un dialogue économique avec les entreprises.
Nous saurons sans doute d’ici la rentrée si ces trois messages ont bien été entendus.
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Interview : Armelle Parion
Analyse : Jean-François Vuillerme

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