Ses priorités pour le tourisme : Sylvia Pinel esquisse et esquive

La nouvelle ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme a convoqué le 11 juillet une conférence de presse à Paris sur la politique que le gouvernement veut engager pour le tourisme. Elle souhaitait expliquer ses « 

La nouvelle ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme a convoqué le 11 juillet une conférence de presse à Paris sur la politique que le gouvernement veut engager pour le tourisme. Elle souhaitait expliquer ses "
La nouvelle ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme a convoqué le 11 juillet une conférence de presse à Paris sur la politique que le gouvernement veut engager pour le tourisme. Elle souhaitait expliquer ses priorités pour les prochains mois. Mais neuf semaines seulement après sa nomination, elle a soigneusement évité de s’exprimer sur les dossiers les plus polémiques. On retiendra toutefois le lancement d’une concertation à la rentrée sur la gouvernance d’une filière de l’industrie touristique et le lancement d’une mission sur l’accès aux vacances pour tous qui devra déboucher d’ici fin 2012 sur un plan d’action quinquennal, avec l’objectif de réduire « la fracture touristique ». HR-infos était sur place lors de cette conférence de presse.

Trois priorités pour l’industrie touristique

Le gouvernement considère que le tourisme en France est un « moteur sous exploité de la croissance économique française ». Notre pays n’a pas su tirer tout le parti du développement mondial des flux touristiques. La situation fragilisée de notre tourisme exige « un plan stratégique au service de la croissance, de la création d’emplois et de la justice », articulée sur trois priorités :
«1 – Mettre en place une filière de l’industrie touristique pour mieux
associer les acteurs»

-* la ministre va lancer une concertation à la rentrée en 2012 avec les acteurs privés et les acteurs publics, en particulier les collectivités locales, pour déterminer les modalités de gouvernance de cette filière
-** l’outil privilégié sera la généralisation des contrats de destination permettant de fédérer les acteurs sur des objectifs adaptés à chaque territoire
-** une nouvelle révision du code du tourisme serait envisagée pour intégrer l’e-commerce notamment et harmoniser la réglementation en matière de sécurité et de responsabilité civile
-** la ministère souhaite une harmonisation de la réglementation européenne en matière européenne, ce qui suppose d’ouvrir un chantier à 27 états-membres
«2 – Améliorer la qualité de l’offre touristique pour renforcer
l’attractivité de la France»

-* dossier prioritaire : la réhabilitation des hébergements touristiques
-**le secteur souffre d’un sous-investissement « chronique » et d’une sous-occupation « chronique » des capacités d’hébergement faute d’une mise sur le marché locatif suffisante
-*l’autre dossier urgent : pourvoir les 50 000 postes qui ne trouvent pas preneurs dans la filière touristique, ce qui implique de renforcer la qualité des formations et des emplois dans le secteur
– – «3 – Rendre effectif le droit aux vacances pour tous»
-*une mission sur l’accès aux vacances pour tous sera confiée à une personne qualifiée
-* celle-ci devra remettre des propositions « d’envergure » d’ici la fin de l’année
-**elles constitueront le socle d’un plan d’action 2013-2017 pour réduire les inégalités entre Français face au droit aux vacances
Extraits du dossier de presse fourni par le ministère

{{Les priorités du gouvernement pour le tourisme : le document ministériel}}



Ce n’est que notre avis (mais on le partage !)

Pour la boîte à outils, il faudra patienter encore un peu !

On espérait davantage. En énonçant les trois priorités du gouvernement pour le tourisme, la ministre s’est surtout bornée à redire ce que nous savions déjà par les déclarations du candidat Hollande en campagne, à l’exception du sujet sensible de la TVA, qu’elle s’est bien gardée d’aborder. Déclarations assez sommaires, voire confuses s’agissant de la TVA, le tourisme n’étant d’ailleurs jamais évoqué dans les 60 engagements du président entrant.
On verra, certes, dans cette confirmation un gage de cohérence et de constance. Mais on attendait (on : les journalistes, toujours pressés ceux-là…) de madame Pinel qu’elle détaille les objectifs et les moyens à engager. Il faudra pour cela encore patienter encore quelques mois. Mais soyons juste, la ministre a tout de même fait deux grandes annonces : le lancement d’une concertation et d’une mission!
On se dit toutefois, à écouter la ministre, qu’elle s’est forgée au moins une conviction, de bon augure. A savoir que le tourisme est un industrie à part entière et un atout économique de premier ordre pour la France. Ses prédécesseurs Novelli et Lefebvre avaient d’ailleurs martelé à peu près la même chose, sans arriver à redresser la barre. On souhaite évidemment que Sylvia Pinel, elle, y arrive enfin.
Sur le diagnostic, donc, difficile d’y trouver à redire. Encore que, dans le détail, certaines analyses nous échappent. On ne comprend pas bien en quoi les structures de propriété éclatées et l’offre insuffisante d’immobilier de loisir ancien dans les stations expliquerait les critiques des touristes étrangers à l’égard de notre hôtellerie (cf le rapport de la DGCIS). De même, avancer que les 50 000 postes non pourvus dans la filière s’expliquent par le manque d’attractivité de ses métiers et de ses formations relève du poncif politiquement correct. Et est-on bien sûr qu’il suffira d’une « politique volontariste » menée en lien les ministères concernés, pour combler les dits postes ?
Difficile de trouver à redire non plus sur les trois priorités évoquées. Encore que, dans le détail, on regrette que le tourisme d’affaires ne soit pas jugé lui aussi à fort potentiel, au même titre que « tourisme et culture », « tourisme et événementiel » ou « tourisme et commerce ». De ces trois priorités, celui des vacances pour tous est le vrai marqueur d’une politique de gauche, et le thème finalement le plus neuf.
Considérer que la justice sociale, dans un pays « riche », passe aussi par un droit aux vacances pour tous effectivement exercé par chacun, et que le politique peut faire avancer ce droit, voilà un bel objectif qui nécessite d’ouvrir ses boîtes à idées et à outils. Surtout avec un chômage qui touche 1 actif sur 10 et une pauvreté qui frappe près de 8 millions de Français. Mais ne le cachons pas, l’impact sur la balance touristique des paiements de cet objectif d’emmener davantage de Français en vacances restera modeste.
Autre marqueur de gauche, d’autant que celle-ci est très présente dans les territoires : faire travailler de concert acteurs publics et opérateurs privés sur des objectifs partagés, formalisés dans des contrats de destination : une démarche novatrice et peut-être efficace avec des partenaires et des moyens mobilisés.
Rendez-vous est pris d’ici la fin de l’année pour connaître les plans d’action ministériels. Et, qui sait ! On en saura cette fois un peu plus sur le financement des investissements de modernisation et de promotion, l’évolution des taxes (dont la taxe de séjour), le sort fait à la TVA, la lutte contre le para commercialisme, etc…
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Reportage : Solenne Le Hen
Avis : Jean-François Vuillerme

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