Fortunes de l'Hôtellerie Restauration : visionnaires planétaires et nez fins

Family success story chez les Bellon ! Toujours actif à 84 ans, Pierre Bellon demeurera jusqu’en 2015 président du conseil d’administration de Sodexo, le groupe de restauration et de services qu’il a fondé en 1966 à Marseille et dont il demeura le PDG jusqu’en 2005. En 2016, c’est sa fille Sophie Clamens, depuis 20 ans dans le groupe, qui lui succèdera à la tête du conseil.
M. Bellon et sa famille contrôlent, via Bellon SA, environ 38 % du capital et la majorité des droits de votes de Sodexo.
Un contrôle familial du capital verrouillé pour cinquante ans. Les descendants du patriarche se sont en effet engagés à ne céder aucun titre en dehors de la famille pendant cinq décennies.
Photo : Pascal Sittler/Rea

Un peu moins nombreux, en apparence, mais encore plus riches ! Ils sont 2 milliardaires et 25 multi millionnaires en 2014 à figurer dans le Palmarès des 500 plus grandes fortunes professionnelles françaises établi chaque année par le magazine Challenges.
En dépit d’un marché calamiteux en 2013 pour l’Hôtellerie Restauration (l’indice Insee ressort un recul global de 0,9 % des chiffres d’affaires de la branche), la fortune de nos très fortunés a grossi d’environ 11 % pour atteindre le niveau record de 10,728 milliards.
Ni choquante, ni surprenante, cette déconnexion entre fortunes françaises en hausse et marché français en baisse s’explique pour au moins deux raisons concomitantes.

Pour ceux dont la fortune repose d’abord sur la valeur cotée de leurs actifs, la Bourse, il faut le rappeler, est peu sensible aux évolutions, même récessives, du PIB. Mais elle est très réactive aux bénéfices des grandes entreprises cotées sur les indices CAC 40 et SBF 120. C’est donc la progression de l’action Sodexo dans la période qui explique ainsi le bond de 23 % de la cagnotte de Pierre Bellon et sa famille, à 3,2 milliards.
D’autre part, les grandes sociétés de la branche, à l’instar de Sodexo, dépendent de moins en moins du marché français. Ainsi Olivier Sadran, le fondateur et principal actionnaire de Newrest, a vu sa fortune professionnelle bondir de 45,5 % grâce au développement mondial de sa société de restauration spécialisée dans le catering aérien et ferroviaire. L’international chez Newrest, tout comme chez Sodexo, représente désormais plus de 85 % de ses ventes.
Leçon de l’Histoire ! Pour bâtir une très grande fortune dans la branche, mieux vaut développer ses affaires hors du strict périmètre hexagonal. Comment le font également Robert Zolade (Elior) et Louis Le Duff (groupe éponyme). Une leçon qui admet tout de même quelques exceptions. Dans le secteur hôtelier surtout où l’on a vu apparaître en 2013 parmi nos « Challenges 500 » des propriétaires exploitants des groupes centrés sur des actifs français. Parmi eux, le couple Falco (Paris Inn Group), l’expert comptable marseillais Olivier Carvin (groupe Maranatha) ou encore l’ancien vendeur de ceintures herniaires, Jean-Claude Lavorel (Les Clefs du Luxe). Des nez fins qui ont su pressentir dans les murs et les fonds d’hôtels un fort potentiel de valorisation.
C’est ainsi que d’une année l’autre, quelques héritiers et rentiers et une poignée d’investisseurs avisés côtoient dans ce classement des entrepreneurs mondialisés à l’origine des innovations industrielles qui dynamisent encore la branche aujourd’hui : l’hôtellerie de chaîne et la restauration sous contrat et sous enseigne, l’une et l’autre boostées par la franchise, mais aussi les titres de services et les services hôteliers, ainsi que les résidence de tourisme.

Le classement des « 500 » sur le site de Challenges


Le classement 2014

en millions d’euros, extrait du classement

-* N°19 – Pierre Bellon et ses enfants – 3 200 M? – Sodexo – Restauration et services
-* N°53 – Louis Le Duff – 1 200 M? – Groupe Le Duff – Agroalimentaire et Restauration
-* N°94 – Robert Zolade – 600 M? – Elior – Restauration sous contrat
-* N°110 – Bernard Bellon et sa famille – 600 M? – Sodexo – Restauration et services
-* N°122 – Pierre et Jacques Esnée – 500 M? – SD2P – Hôtellerie
-* N°136 – Famille Desseigne-Barrière – 430 M? – Groupe Lucien Barrière – Casino et Hôtellerie
-* N°156 – Jean-Bernard et Céline Falco et famille – 350 M? – Paris Inn Group – Hôtellerie
-* N°169 – Jeanne Augier – 320 M? – Negresco – Hôtellerie
-* N°169 – Didier Ferré et sa famille – 320 M? – Ferré Hôtels – Hôtellerie
-* N°169 – Stanislas Rollin – 320 M? – Boissée Finances – Hôtellerie
-* N°180 – Jean-Louis Costes – 300 M? – JLC Hôtel Costes – Restauration
-* N°206 – Serge Cachan et sa famille – 280 M? – Astotel – Hôtellerie
-* N°214 – Paul Dubrule – 270 M?- Accor – Hôtellerie et services
-* N°214 – Gérard Pélisson – 270 M? – Accor – Hôtellerie et services
-* N°229 – Francis Farines et sa famille – 200 M? – GIE Privilège – Hôtellerie
-* N°302 – Olivier Bertrand – 180 M? – Groupe Bertrand – Restauration
-* N°331 – Olivier Sadran – 160 M? – Newrest – Restauration
-* N°343 – Gilbert et Thierry Costes – 150 M? – groupe Beaumarly – Restauration et Hôtellerie
-* N°343 – Patrice Fabre et sa famille – 150 M? – Karibea – Hôtellerie
-* N°387 – Olivier Carvin – 120 M? – Groupe Maranatha – Hôtellerie
-* N°387 – Anne Jousse et famille Bessé – 120 M? – groupe Bessé Signature – Hôtellerie
-* N°387 – Christophe Sauvage et Philippe Vaurs – 120 M? – Elegancia Hotels – Hôtellerie
-* N°431- Gérard et Christophe Joulie – 100 M? – groupe Joulie – Restauration
-* N°431 – Jean-Claude Lavorel et sa famille – 100 M? – Les Clés du Luxe – Hôtellerie
-*N°458 – Hugues et Loic Giroud – 90 M? – Sogepar – Hôtellerie
-* N°470 – Régis Arnoux et sa famille – 88 M? – Catering International- Hôtellerie et services
-* N°481 – Jean-Luc Binet et sa famille – 80 M? – Hôtels Maurice Hurand – Hotellerie
Seuls 3 des ces 27 grands fortunés ont vu leur pécule diminuer en 2014 dans les chiffres de Challenges: Dominique Desseigne (430 M? contre 630 M? en 2013), Patrice Fabre (150 M? contre 300 M?) etRégis Arnoux (88 M? contre 105 M?).

Précisions : nous n’avons pas retenu dans ce classement les fortunes dont les activités de l’hôtellerie restauration ne constituent pas le principal actif du patrimoine professionnel. C’est le cas de Francis Holder (groupe Holder, agro-alimentaire, 300 M?) et de Hubert Guillard et sa famille (CHG Participations, Assurances et Hôtellerie, 160 M?). Non retenus également les fournisseurs de la branche comme Hugues Dewavrin et sa famille (Pomona, 300 M?) et Corinne Richard et sa famille (Café Richards, 320 M?)
Ont refusé de figurer dans le palmarès Challenges : Stanislas Rollin, Serge Cachan.
Contestent l’évaluation de Challenges : Pierre Bellon, Stanislas Rollin, Serge Cachan.
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Méthodologie

– Par fortunes, Challenges entend « fortunes professionnelles ». Calculées, pour les sociétés cotées, à partir des cours de bourse multipliés par le nombre d’actions détenues, et pour les sociétés non cotées, à partir de leurs chiffres d’affaires, résultats et actifs nets.

– Les estimations sont soumises aux intéressés, selon une procédure contradictoire qui permet de les corriger ou de les contester publiquement.

Sont exclus des chiffrages les biens immobiliers détenus à titre personnel, les oeuvres d’art et les signes extérieurs de richesse.

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Focus sur les deux nouveaux entrants 2014

Source : HR-infos et magazine Challenges – N° 397 – 10 juillet 2014
Christophe Sauvage et Philippe Vaurs ont cofondé et contrôlent toujours une dizaine de boutiques hôtels parisiens très design et branchés : Crayon rouge, Odissey, Seven, Hidden, Armoni, WO
Jean-Claude Lavorel : après avoir vendu sa société LVL Medical à Air liquide pour environ 150 millions d’euros, l’industriel a racheté plusieurs hôtels, dont le Hilton de Lyon (racheté pour 25 millions d’euros au groupe Partouche) et le château de Bagnols, un magnifique 5 étoiles situé au coeur des vignobles du Beaujolais.

… Et les cinq sortants 2014

Ils disparaissent d’une année sur l’autre, sans autre explication de Challenges. S’agissant de Stéphane Teil (dont la fortune était estimée à 75 M? – Paris Hotels Charm, d’Olivier Grinda (70 M?, hôtel Westminster) et de Gérard Brémond ( 65 M? – Pierre & Vacances), la taille de leur fortune n’était peut-être plus suffisante pour rester dans ce Top 500, le ticket minimal d’entrée étant passé de 64 à 74 millions d’euros.
Quant à Albert Cohen (400 M?, il contrôle la SIH du Parc Monceau, détentrice entre autre du mastodonte Hôtel du Collectionneur, 5* de 470 chambres situé dans le VIIIème arrondissement de Paris) et à Gurvane Branellec (100 M? – Oceania Hotels -SA Sofibra – Hôtellerie), leur absence se justifie moins de prime abord. A moins que la nationalité Suisse du premier nommé et le refus catégorique du deuxième d’apparaître n’aient conduit Challenges à les sortir.
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Enquête : magazine Challenges
Texte : Jean-François Vuillerme, avec le magazine Challenges pour les « Focus »
Photo : , photo prise en novembre 2013 lors de la présentation des résultats annuels de Sodexo.
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